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Une Souris et des Hommes
31 décembre 2014

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Ambérieu-en-Bugey

Il est pafois sympathique de réfléchir aux stéréotypes qu'on peut avoir sur un territoire, à toute échelle : de la ville au pays, en passant par la région ; des espaces ruraux au centre-ville des métropoles, en passant par les banlieues ; Dépasser ces représentations est souvent possible lorsqu'on a l'occasion d'aller vivre dans ces lieux. C'est depuis longtemps que je me posais la question de mes capacités de socialisation et d'intégration en milieu rural; Ayant eu la possibilité de m'installer à Ambérieu-en-Bugey dans le cadre d'un emploi, ce questionnement allait pouvoir être mûri ! En effet, Ambérieu est une petite ville d'environ 18 000 habitants située au sein d'un territoire rural : comment s'y adapter ? Revenons à nos outils utilisés à Dublin et Cayenne : école de langues, couchsurfing, colocations. A Ambérieu : niet ! Plusieurs raisons : une dynamique couchsurfing vierge, idem pour l'offre de colocation, ou presque. L'âge joue aussi un rôle : la trentaine entamée, pas forcément les mêmes envies qu'à 20 ans, âge de la majorité des personnes rencontrées dans les quelques pubs où se retrouvent les jeunes ambarrois n'étant pas partis dans les villes universitaires. Bref, rien d'extraordinaire, finalement. Mais cette simple constatation oblige à d'autres approches pour tenter de se créer une vie sociale en dehors des rencontres faîtes via le travail.

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Un lieu stratégique du socializing ambarrois : le jacuzzi de l'espace Laure Manaudou ! Oui, à défaut de se faire des potes à l'aide des moyens traditionnels, essayons le sport. La piscine en tant que telle, cela ne marche pas. Mais l'espace Manaudou offre aussi un espace détente, composé notamment d'un jacuzzi : que de rencontres dans ses bulles ; des gitans dans un jacuzzi : "pourquoi roulez-vous avec de vieilles mercedes"? Pas de réponse, tanpis ; des rugbymen dans un jacuzzi : "non, non, je ne suis pas l'un des vôtres". De nombreuses autres rencontres, mais pas vraiment de lien crée finalement. Force est de constater que l'intégration dans une petite ville rurale de France métropolitaine, quand on est seul, en début de trentaine, est bien plus difficile qu'à Dublin ou Cayenne. Et encore, j'avais la voiture...de quoi découvrir les petits chemins perdus et prendre quelques photos des beaux couchers de soleils locaux.

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Ah, la voiture ! En milieu rural et périurbain, la dispersion de l'habitat, la concentration des services dans les bourgs-centre et par conséquent l'allongement des distances parcourues tendent à créer une forte dépendance à l'égard du véhicule personnel. Les ménages ne disposant pas de moyens de locomotions propres, par choix ou par nécéssité (absence de permis de conduire, incapacité à conduire, contrainte financière etc) sont dépendants des transports publics ou des systèmes de solidarité. Or, dans les zones peu denses, les transports publics réguliers ne proposent pas toujours un maillage assez fin ou une fréquence suffisante pour permettre à l'ensemble de la population demandeuse d''accéder aux services selon les modalités que l'on peut trouver en milieu urbain (arrêt de bus trop éloigné, horaire inadapté à certaines démarches). L'absence de véhicule personnel, qui touche principalement les jeunes, les personnes âgées en perte d'autonomie et certaines personnes en parcours d'insertion professionnelle, contribue à créér localement des situations d'isolement, voire d'exclusion. Concernant les jeunes habitants des milieux ruraux, si le transport scolaire est bien pris en compte, les besoins de déplacements pour accéder aux loisirs sont réels. L'accès aux activités extrascolaires relève du transport privé. Le transport est principalement assuré par les parents. En cas d'impossibilité ou d'absence de système de solidarité, la pratique de telles activités peut être exclue. C'est pourquoi la liaison vers les pôles de loisirs et d'activités culturelles et vers les équipements sportifs est fortement demandée de la part des jeunes. C'est pour pallier à ces difficultés de transport que la commune de Grenay, dans le Nord-Isère, avait travaillé avec l'association dans laquelle je baigne sur mon temps libre, Concordia, en 2011, pour réaliser un chantier international atypique: l'aménagement intérieur et extérieur d'un bus, en partenariat avec le Point Enfance Jeunesse de la communauté de communes, pour aller à la rencontre des jeunes sur leur territoire et leur proposer activités et autres projets. Au programme : atelier graf, pose du parquet, création de mobilier.

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Chantier international "Point Jeunesse mobile", Grenay 2011

Mais revenons à nos réfléxions ambarroises...deux ans en Bugey...et pas un seul ami. Voilà une réalité de l'intégration dans une petite ville de province: trop peu de personnes en recherche de nouvelles amitiés, et une quasi-impossibilité de rentrer en contact avec elles; pas assez d'outils permettant de créer le lien social avec des personnes en besoin. Beaucoup de trentenaires, certes, mais avec une vie de famille construite et n'étant pas dans un besoin de sociabilisation. C'est un fait, le Bugey, que j'évoque ponctuellement dans ce blog, est une belle région...une région assez authentique, car préservée du tourisme de masse, à la différence du Beaujolais par exemple. Mais c'est un autre fait, venir s'installer dans un territoire à dominante rurale nécessite de réfléchir à ses attentes. Pour faire le lien avec les autres espaces géographiques que j'évoque dans ce blog, est-il rééllement pertinent de partir vivre et travailler dans les villages intérieurs de Guyane, tels que Grand-Santi sur le Maroni, ou Camopi sur l'Oyapock, quand on vient de France métropolitaine et qu'on baigne dans une culture plutôt urbaine ? Bien sûr, loin de moi toute généralisation, mais de ma petite expérience de l'époque, enrichie d' échanges avec de nouveaux habitants et professionnels des fleuves, il me semble que la question doit être mûrement réfléchie par les recruteurs et recrutés; "On n'envoie pas n'importe-qui à Trois-Sauts", commune amérindienne la plus reculée de Guyane, ai-je entendu lors d'une réunion. La Guyane est traditionnellement une terre d'accueil, et les gens y sont majoritairement accueillants; mais si je devais extrapoler mon expérience ambaroise à mes expériences irlandaise et guyanaise, j'en conclurais : "wow, qu'est-ce-qu'on est bien dans une bonne ville !"

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Le Bugey, c'est bien, Lyon, c'est mieux !

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18 décembre 2014

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Cerdon

Dispositif de mobilité internationale. Voilà un terme qui m'était inconnu lors de mon départ en Irlande, en 2007, relaté dans les pages historiques de ce blog. Il faut dire qu'en 7 ans, il s'en passe des choses. Alors que l'Irlande fonctionnait dans une économie en plein emploi, la crise financière est passée par là, et le pays est revenu à une croissance dans "la normale". Et puis quand on sort tout juste des études, il n'est pas forcément évident de connaître les dispositifs qui existent à côté du célèbre Erasmus...enfin, partir dans un pays anglosaxon pour affiner sa connaissance de la langue de Shakespeare et s'ouvrir à une nouvelle culture passe par un emploi, qui même s'il n'est pas toujours très utile à moyen terme, permet au moins de pratiquer un peu le pays et ses gens. Mais voilà. Comment partir en Lituanie, pendant quelques mois, sans avoir à apprendre cette langue à priori peu utile en dehors du pays !? L'Union Européenne offre cette possibilité via un dispositif, le Service Volontaire Européen. Et c'est via ce dispositif qu'Evgeniya, Bielorusse originaire de Pinsk et vivant à Minsk, se retrouve pour 6 mois à Lyon. Pourquoi faire un SVE ? Une question, plusieurs réponses : "j'ai décidé d'utiliser ce dispositif de mobilité internationale car je ressentais le besoin de partir du Belarus, et en quelque sorte de davantage me trouver" Et c'est donc pour 6 mois qu'Evgeniya rejoint Concordia Rhône-Alpes pour apporter une pierre à la vie de la structure, en compagnie de Giselle, d'Italie. Quelques mois après son arrivée, elle confie avoir affiner les objectifs de son expérience expatriée en France : apprendre sur le montage de projets Erasmus+; apprendre sur la culture française, et la vie de tous les jours. Et pour apprendre sur la vie des habitants d'un territoire au jour le jour, un des outils les plus puissants n'est-il pas l'échange avec eux ? Dans un centre-ville mondialisé comme celui de Lyon, ou dans un village reculé de ce que le géographe Christophe Guilluy appelle la France périphérique, ou du moins d'une France plus rurale et moins mondiale ? Oui, mais pour pouvoir échanger, il faut aller les voir. Et pour pouvoir aller les voir, il faut une voiture ! Et pour avoir une voiture, on fait quoi ? On demande à la pop loc ! Ben oui, bien sûr ! C'est donc en cette belle journée du 8 novembre 2014 qu'Evgeniya et Giselle profitent de leur première expérience d'expatriée en France pour s'en aller visiter quelques jolies places du Bugey : Pérouges pour commencer.

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Giselle, elle, a 19 ans. Son désir : exploiter ce dispositif de mobilité pour partir dans un pays de langue inconnue. Pas en France, dont la langue lui est connue, mais plutôt un pays du Nord : Danemark, Norvège, Suède. Malheureusement, les différentes organisations d'accueil dans ces pays ne fournissent aucune réponse positive, et c'est à Lyon qu'elle se retrouve. Et finalement, elle en est très heureuse ! Même si son français est déjà excellent, elle utilise cette possibilité de mobilité pour se déplacer en divers points du pays, affiner sa conscience de la diversité géographique et humaine de la France métropolitaine. Par exemple, en allant visiter le joli village de Cerdon.

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Puis vient la fin de journée...qui nous laisse le temps d'aller observer le coucher de soleil depuis le mont Balvay, sur la commune de Leyssard. Une belle journée, qui est rendu possible grâce à l'existence de ces programmes de volontariat européen...et des systèmes de "solidarité" locale, via le véhicule individuel notamment. De quoi continuer à intégrer le concept de la vertu de la mobilité entre quartiers, entre régions, ou entre milieux urbains et ruraux...permettant l'échange interculturel, le choc culturel, tant pour les citoyens étrangers que français.

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6 décembre 2014

Grèce/Macédoine centrale - Une journée à Thessalonique

En ce beau mois de septembre 2014, je me retrouve pour un week-end de travail à Théssalonique, Grèce, dans le cadre d'un engagement bénévole que j'ai pris au sein du groupe de travail "environnement" de l'Alliance des organisations européennes du service volontaire, réseau permettant d'organiser les échanges internationaux comme celui de Laurenan.

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En effet, chaque année est financé un week-end permettant aux différents membres des groupes de travail de se retrouver et travailler physiquement ensemble, alors que le reste de l'année les échanges se font seulement par conférence skype et mails. Cette année, c'est l'association Citizens In Action, qui propose à ses adhérents les dispositifs types du programme européen Erasmus+ (Service Volontaire Européen, échanges de jeunes, formations) et l'accès aux chantiers internationaux en Grèce ou à l'étranger, qui organise le week-end de travail. Théssalonique (520 km au Nord d'Athènes) est la deuxième plus grande ville de Grèce, construite le long du front de mer. La ville est composée de personnes de cultures variées, mais malgré son histoire multiculturelle, les dernières décénnies sont caractérisées par son profil xénophobe et conservateur. Toutefois, ce profil s'adoucirait depuis 5 ans. Depuis le début de la crise économique en 2008, la ville a montré une grande augmentation d'initiatives citoyennes, dont certaines nous sont présentées dans le cadre de visites de terrain organisées en matinées. C'est ainsi qu'une matinée est consacrée à la visite du premier jardin communal auto-géré de Macédoine centrale. Ce jardin a été créé par le groupe PERKA. Celui-ci a été formé au début de l'année 2011 par des habitants de Théssalonique dont le but était la culture communale, saisonnière, des légumes, fruits, fleurs et herbes, dans les champs dans ou à proximité de Théssalonique. Avec le soutien du Club Cultural local, le groupe a commencé à cultiver une petite partie de l'étendue des 68.9 hectares de l'ancien camp militaire Karatasou. La culture n'est pas destiné au profit, mais couvre une partie des besoins des membres de PERKA et est basée sur les principes de l'agriculture biologique ou biodynamique.

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 Plantations dans le 1er jardin communal auto-géré de Macédoine centrale

Bien sûr, chacun d'entre nous a une sensibilité plus ou moins forte à ce genre d'actions citoyennes, et plus généralement aux démarches d'actions sociales au sein d'un territoire ou d'un pays, fonction de son background socio-culturel et de ses valeurs. Mais la réappropriation d'un espace public en voie d'abandon par des groupes d'habitants est un acte particulièrement intéressant à souligner. La deuxième matinée, nous visitons notamment une société de design graphique, qui est construite selon le modèle économique de la société coopérative, un des quatre modèles de ce qu'on appelle en France l'économie sociale et solidaire (avec les associations, mutuelles et fondations), secteur économique important et bien plus vaste que celui de l'action sociale au sens strict du terme.

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 Société de design graphique organisée selon le modèle de coopérative

Et puis après les après-midi de travail, il est alors possible de découvrir la magnifique vieille ville de Théssalonique. De quoi s'imprégner un peu de cette atmosphère méditérannéenne agréable et qui donne envie d'en savoir plus sur cette ville et ses habitants.

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