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Une Souris et des Hommes
17 décembre 2023

France/Lorraine - Découvertes artistiques

Partager sur ce blog un souvenir de 4 années de découvertes lorraines en un article. Plusieurs approches sont possibles, et cette fois-ci la synthèse sera conduite sous un angle artistique, sans trop développer les habituels « must-see » touristiques bien mieux documentés sur la toile. Déambulons donc dans quelques sites de Lorraine pour nous représenter cette région à partir de découvertes créatives. Quel que soit le lieu, quelle que soit l’époque, quel que soit le style. Evadons-nous donc quelques minutes en Lorraine entre 2019 et 2023.

Momo est passé à Nancy, mais si ! Promenons-nous dans cette ville hôte en compagnie de Marine, guide locale sympathique et compétente. Celle-ci m’expliquera notamment que l’artiste américain Momo fût invité à Nancy pour y réaliser une fresque sur le bâtiment actuel de la caserne des pompiers. On peut dire que le Street Art peut être considéré comme un Art nouveau à Nancy : la première œuvre street art officielle de la ville se nomme Giulia et date de 2015. Celle-ci a été réalisée par David Walker, l’un des plus grands portraitiste contemporain de street art, qui travaille à main levée. Giulia représente ainsi une artiste berlinoise amie de Walker.

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Giulia, par David Walker (photo de l'office du tourisme)

Un autre jour dans cette Lorraine-ci, il est possible de voir, au Centre Pompidou de Metz, une œuvre étonnante. Celle de l’artiste Refik Anadol, Machine Hallucinations. Il s’agit d’une NFT, « Non Fungible Token » une sculpture de données d’intelligence artificielle (IA) en vidéo. On peut y lire quelques explications sur cette œuvre envoutante : "l’exploration de l’esthétique fondée sur l’intelligence artificielle par notre studio invite à rêver un univers alternatif où les machines collaborent avec les humains pour imaginer notre existence dans le temps et créer des environnements alternatifs et multisensoriels. Nous utilisons les méthodes les plus innovantes à notre disposition et imaginons un avenir plein d’espoir où une relation symbiotique avec les machines nous donnerait de nouvelles idées, la connaissance et le pouvoir, non seulement de rêver, mais aussi de créer un monde meilleur".

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Créer un monde meilleur. Que peut en penser Raeda Saadeh, née à Umm Al-Fahem en Israël en 1977, et qui vit à Jérusalem, et dont l’œuvre «Vacuum» fut présentée à la galerie Poirel de Nancy lors de l’exposition sur les Arts de l’Islam. Cette œuvre de 2007, conservée au Frac (Fonds régional d’art contemporain) Lorraine à Metz, a sans doute plusieurs interprétations. En effet, l’explication proposée indique que « le titre, Vacuum, peut se traduire de l’anglais soit par « vide », soit par « aspirateur » dans vacuum cleaner. L’œuvre joue de ce double sens. La projection vidéo montre d’un côté un désert montagneux et de l’autre Raeda en train d’aspirer la poussière de ce paysage, tâche absurde et infinie. L’artiste palestinienne en rupture avec la tradition, vivant en Israël, montre ainsi métaphoriquement le « vide » et le manque de sens de la place qui est dévolue traditionnellement aux femmes dans la société. Elle se donne aussi à voir « prêchant dans le désert » en utilisant les seuls moyens mis à disposition des femmes. Le Frac Lorraine a acheté cette œuvre à l’artiste en 2010.»

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Créer un monde meilleur. Qu’en auraient pensés les soldats de la guerre de 1870, que le joli musée de de la petite commune Gravelotte présente si bien. Une promenade à travers ce musée permet de se remémorer que le dormeur du val de Rimbaud faisait référence à cette guerre franco-prusse. Ce jour-là, la pluie ne tombait pas à Gravelotte. Mais « beaucoup de soldats, eux, sont tombés à Gravelotte et autour de Metz. A Gravelotte, le 16 Août, on peut compter environ 32 000 morts, blessés ou disparus, Français et Allemands. Plus de 75 000 pour l’ensemble des combats des 14, 16 et 18 août. L’ampleur des pertes et la violence des combats marquèrent les esprits. Il faudra attendre la Première Guerre mondiale, incomparablement plus meurtrière, pour atténuer le souvenir de la guerre de 1870.»

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La guerre aboutit à l’annexion de l’Alsace-Moselle. Nancy devient alors, pendant les décennies qui s’en suivent, la plus grande ville de cette région de France. Et c’est à cette période que Nancy devint le leader français de l’Art nouveau, à travers l’Ecole de Nancy, menée par Emile Gallé. Une grande période artistique de l’Art en France, même si l’Art nouveau fut longtemps mal aimé. Ce petit amour de musée, celui de l’Ecole de Nancy, restera gravé dans mon cœur d’ex-Nancéien.

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Mais le mouvement Art nouveau s’arrêtera principalement avec la première guerre mondiale…et laissera place progressivement à un style artistique appelé, depuis les années 1970, Art déco…dont une ballade nancéienne permet quelques découvertes, comme celle du bâtiment du musée aquarium de Nancy. La façade du bâtiment a été réalisé à l’initiative de Lucien Cuenot, chercheur qui souhaitait créer un institut de zoologie en complément de l’institut d’agronomie. Les frères architectes de la famille André furent choisi pour réaliser le bâtiment. Cette façade, très novatrice pour l’époque, choqua beaucoup.

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Retour au centre Pompidou de Metz, à la rencontre d’Eva Aeppli, et son univers étonnant. Eva grandit à Bâle, où elle suivit l’enseignement anthroposophique de l’école de Rudolf Steiner. Du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, qu’elle vit aux premières loges à la frontière suisse allemande, naît son inlassable quête pour la dignité humaine. Elle s’installe définitivement en France en 1952, avec Jean Tinguely, son marin d’alors, puis ils rejoignent la colonie artistique de l’impasse Ronsin, où Constantin Brancusi vit aussi. Connectée au monde de l’art à Paris, Eva Aeppli noue de fidèles amitiés et collaborations avec des artistes de son époque. Néanmoins, elle se refuse à rallier les mouvements en vogue – Nouveau Réalisme, Pop Art ou abstraction lyrique – pour créer un corpus profondément original, dont les sculptures textiles à taille humaine constituent l’aboutissement.

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Eva Aeppli, La table. 1965-1967. « Premier groupe rassemblant plusieurs figures individuelles, La Table s’inscrit dans une longue tradition de représentation de la Cène. Si la disposition s’inspire de la célèbre version de Léonard de Vinci, Eva Aeppli réinvente les codes de l’iconographie chrétienne. La Mort, qui a volé la place du Christ au centre de la composition, règne en maître. Représentant l’Humanité, les femmes et les hommes conviés à cette table nous font face dans un regard inquiet ou fuyant, conscients, peut-être de leur égalité face à la mort. »

Une autre représentation de la cène pouvait être vue dans cette période 2019-2023. Celle de l’œuvre « Feast of Fools », de l’artiste Mag Med, présentée au Musée des Beaux-Arts de Nancy. Cette œuvre spectaculaire de près de 9  mètres de long, a été « entièrement réalisée à la main, à la plume et à l’encre de Chine par cette artiste née à Lyon en 1976.

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Ce musée des Beaux-Arts, situé place Stanislas, recoupe quelques œuvres célèbres artistes lorrains, comme « la Toussaint » d’Emile Friand. Cette peinture représente une famille au Cimetière de Préville, à Nancy.

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En Lorraine se situent les Vosges. Passons par Epinal et son musée des images : « Images d’Epinal, d’Orléans, de Toulouse, d’Inde…du 17ième siècle au 21ième siècle…Religieuses, éducatives, narratives ou simplement joyeuses, les images en feuille sont issues d’une culture, d’un temps qui nous est désormais lointain. Les lire et les apprécier ne peut se faire sans connaître leurs modèles, leurs techniques d’impression, les imagier qui les ont imprimées, ou les gens qui les ont achetées et accrochées sur leurs murs. Le musée nous présente cette histoire.

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La Lorraine, c’est aussi évidemment la période des Ducs. Stanislas, qui a fait construire une des plus belles places d’Europe, sera le dernier. Mais que montre-t-il, du haut de son trône ? La réponse est peu connue des Nancéiens, et il s’agit de Louis XV, roi de France. Toute une Histoire très bien racontée sur la toile, et qui peut aussi se retrouver sur les ferronneries de Jean Lamour.

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Car la Lorraine est une terre de Fer…et découvrir le monde sidérurgique lorrain, par exemple au musée de l’Histoire du Fer, fait aussi partie de belles petites histoires du territoire.

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Alfred Renaudin. Longwy, 1936

N’oublions pas le monde la Faïence, comme quelques belles pièces du château de Lunéville.

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Rediscutons avec Marine, qui nous présente également une belle mosaïque située près de la place Stan. Celle-ci est, comme d’autres du même artiste, inspirée de la mythologie. On peut y voir une partition, qui constitue un extrait de la Walkyrie de Wagner, faisant référence à la mythologie nordique. On peut voir Odin être soumis à la tentation de prendre l’anneau rempli d’or.

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Finissons enfin cette introduction à la Lorraine avec une autre rencontre nancéienne pendant ces 4 ans, celle d’Hélène, dont le travail, composé de gravures, de monotypes et de céramiques, est à découvrir.  Son travail, expliqué sur son blog, invite à retrouver la fragilité du monde de l'enfance. Pour créer ces images, Hélène utilise un procédé d'impression non reproductible appelé monotype. Ce procédé atypique permet d'obtenir des effets de matière qui rappellent l'onirisme des rêves. Céramiques et bijoux sont autant de pièces autour du thème de l'enfance. Crées en faïence et décorées à la main aux oxydes, ces pièces en volume complètent les recherches graphiques d'Hélène.

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Cet article illustre donc, sur le thème de l'Art, 4 ans de vies professionnelle et personnelle à Nancy. Une ville attachante. Terminons cette expérience par un dernier café à la brasserie l'Excelsior. Une page se ferme. Bye-Bye la Lorraine...Bonjour l'Espagne !

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