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Une Souris et des Hommes
guyane
2 janvier 2010

France/Guyane - Ecologie: les salines de Montjoly

Les salines de Montjoly: une diversité d'écosystèmes connectés sur une faible distance, pour le plus grand plaisir des promeneurs, naturalistes et autres écologues! Située à 10 km du centre-ville de la préfecture, cette zone de promenade habituelle des habitants de l'île de Cayenne permet en effet de découvrir plusieurs milieux protégés. Cette zone n'a jamais été aménagée pour l'exploitation de sel, malgré son nom, et est préservée notamment grâce aux actions du Conservatoire du littoral. Zone humide remarquable, elle peut être découpée transversalement selon le schéma suivant (provenant d'un mémoire étudiant):

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Alors c'est parti pour une balade accompagnée de commentaires issus notamment du site web consacré aux salines...C'est tout d'abord en longeant le sentier situé en bout du cordon dunaire, constitué d'une végétation typique, que la balade commence...végétation typique des milieux sableux, notamment ces fameuses ipomées très présentes sur les plages de Cayenne, et qui jouent un rôle important dans la stabilisation du cordon, à la fois sur les plans géotechnique et éolien.

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Ipomées. Les racines, qu'on aperçoit grâce à la tortue qui a creusé le trou, stabilisent l'ensemble du cordon dunaire, peu ou pas attaqué par l'érosion des vagues.

Le sentier, situé en plein cordon sableux, offre la possibilité d'observer une faune et une flore intéressante. Ipomées donc, mais aussi divers types de palmiers. La faune est également particulière, tant l'avifaune (anis, tyrans) que l'on peut observée à  gauche, ou cette tortue olivâtre à droite.

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Faune et flore du cordon dunaire ne seront pas identiques à celles de la mangrove ou des marais

Le sentier continue et nous amène progressivement au marais d'eau douce situé plus à l'intérieur des terres. Au moment de la balade, en début de saison sèche, le marais prédominant est un marais à Eleocharis mutata (lagune). Il est possible d'y voir une flore composée de nénuphars, de jacinthes d'eau ou encore de lentilles d'eau. La faune y est également différente, avec de nombreux limicoles (aigrettes par exemple) et des passereaux. Le deuxième  type de marais rencontré est tourbeux à végétation herbacée.

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Le chemin se poursuit et nous amène maintenant sur une voie aménagée en plein cœur d'une mangrove. La seule voie aménagée au cœur d'une mangrove en Guyane. Cet écosystème abrite plusieurs espèces de palétuviers, et a la particularité d'être soumis aux flux de marées. Aussi, elle présente un substrat gorgé d'eau, instable, salée et pauvre en oxygène.

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Cet écosystème est étroitement lié aux bancs de vase. Forêt mobile couvrant la majorité du littoral guyanais, elle disparait en même temps que les mouvements du substrats vaseux, pour se former plus loin, à partir de la dissémination des graines de palétuviers par flottaison.

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Un moment saisissant, qui nous amène à l'exutoire ouvert, liant les eaux des salines aux eaux océaniques, et ainsi à la fin du sentier. Le retour par la plage peut être, en ce mois d'août, l'occasion d'observer des émergences. Cette balade est très intéressante. Facile d'accès, très tranquille, elle offre une belle solution de promenade du dimanche pour petits et grands. Elle permet également d'observer différents milieux liés en termes écologiques et hydrauliques, comme le montre les schémas ci-dessous. A ne pas manquer.

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Fonctionnement hydraulique (saison des pluies)

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Fonctionnement hydraulique (saison sèche)

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20 décembre 2009

France/Guyane - Une journée à Montsinéry-Tonnégrande

Montsinery: petite commune rurale à proximité de Cayenne et en pleine expansion. Une commune composée également du bourg de Tonnégrande, mais ce n'est pas là, que je passais une belle journée, la première de mes vacances estivales d'août 09 en compagnie de mes parents, fraîchement débarqués de France métropolitaine pour découvrir la Guyane. En plus, Marion, une amie de longue date, elle-aussi en vacances à Kourou, et voilà 5 hauts-savoyards en force pour découvrir le bourg, sa crique et son zoo. Un bourg assez typique des autres bourgs ruraux de Guyane, et agréable à visiter. Mais comment mieux commencer cette journée que par une baignade à la crique patate, belle, naturelle et très prisée le week-end, paraît-il. Un petit arrêt pour apprécier la verdure d'une culture fourragère devant une végétation luxuriante splendide, et nous y sommes!

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Comment mieux débuter des vacances en Guyane qu'en mangeant en terrasse au bord du fleuve traversant le bourg. Un vieux rhum pour déguster des plats de recettes locales, alors qu'un pêcheur semble vérifier ses prises au filet.

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Découvrir le zoo de Guyane, une possibilité unique d'apercevoir dans une même journée nombre d'espèces fameuses d'Amazonie, et toutes les légendes qui en découlent. L'occasion de faire une petite balade dans une canopée de petite taille, de voir différentes espèces de mammifères arboricoles, de plantes, d'oiseaux...et de découvrir quelques animaux parmi les plus grands prédateurs d'Amérique du Sud. Hé oui, en effet il n'est pas si habituel de découvrir de beaux serpents, caïmans et autres félins dans la nature, mais quelques anecdotes, entendues de mes propres oreilles, valent le détour.

Le Jaguar. Plus grand félin d'Amérique, il est un des autres animaux sur lequel travaille l'association kwata. Se rappeler qu'il s'agit d'un des prédateurs de la tortue luth, à même les plages, laisse l'interlocuteur l'imaginer au bout de son jardin, à l'orée de la forêt. Et ce n'est pas faux. Combien d'anecdotes ai-je entendu à propos de rencontres entre l'homme et le jaguar? Parmi les plus étonnantes, les plus inquiétantes devrait-on dire, que penser de cette histoire d'école, ou l'ensemble des gamins sortant de leur classe, dans une école du fleuve Maroni, se retrouvèrent dans la cour en compagnie d'un jaguar? ou comment ne pas vivre l'émotion d'une personne se retrouvant face à lui. L'homme et le jaguar...Mon pote de kwata n'en a pas peur, même s'il le dit: entre nous, c'est lui le maître. En ayant  "bénévolé" avec des tortues, moi je me disais plutôt: entre nous, c'est moi le maître. Hé hé ! Ceci dit, la palme de l'anecdote reviendra à cet autre salarié, qui, courant novembre 09, lors d'une sortie "jaguar" justement (pose d'appareils photos selon un échantillonnage précis en forêt) tomba nez à nez avec un spécimen l'observant à quelques mètres alors qu'il était accroupi, le pantalon baissé... Ce jour là, il a dû, pendant quelques secondes certainement très longues, se rappeler du sketch de Bigard, "les grands moments de solitude"! Plus sérieusement, certains connaisseurs, dont mon pote technicien de kwata, affirment que ce félin n'est pas réellement à craindre. Plus curieux qu'autre chose, il est fréquent qu'il ait été pris par les appareils photos de kwata seulement quelques minutes après que ceux ci aient été installés...regarde bien derrière toi, car le jaguar, lui, sait où tu es !

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L'anaconda. Autre grand prédateur sud-américain, le plus grand serpent du monde peut en effet être très grand, comme le montre cette photo trouvée sur la toile (ici).

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Aucun spécimen observé en un an de Guyane, mais ce n'est pourtant pas si rare que cela...pour le voir, il faut savoir vivre près des criques! Aussi, lorsque vous sentez une odeur de poisson à proximité d'une rivière, pensez "anaconda à proximité" et non pas "acoupa sauce maracudja"! Hé oui, il dégagerait une odeur typique. Bon à savoir donc ! Dans le village amérindien de Trois-Sauts, reculée en pleine forêt et ou j'ai eu l'inestimable chance d'aller dans le cadre de mon année de volontaire civil, il est assez fréquent de voir ces serpents sources de légendes. Mais, pour relativiser les "on dit" ou plutôt les "on suppose après avoir vu un énième film épouvante à la con", il n'y a pas eu d'attaques de l'espèce sur les habitants du village depuis des années, alors que l'ensemble des personnes s'approchent des eaux du fleuve probablement quotidiennement. De quoi relativiser le danger. Le spécimen du zoo était quand à lui bien réveillé...même pas peur ! 

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Deux grands prédateurs d'Amazonie, rencontrés au fil de la balade parmi de nombreuses espèces de la faune de cette région à grande biodiversité: tortues, serpents et autres reptiles, mammifères (tapir, tamanoir, coatis roux etc), singes (atèles, tamarins, capucins etc).

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Podocnémide géante, plus grande tortue du sous-continent sud-américain

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  Coatis roux, cousins sud-américains du raton laveur

Et puis bien sur, de nombreux oiseaux, allant des perroquets aux grands aigles amazoniens. Parmi ceux-ci, citons tout particulièrement le Harpie féroce, énorme aigle de la forêt amazonienne et oiseau emblématique de la Guyane, au même titre que l'ibis rouge ou les toucans. Emblématique, mais difficile à observer dans la nature. Ce rapace, l'un des plus puissants, splendide, est capable de dévorer des proies de tailles acceptable: aras, iguanes, agoutis...et même paresseux. Pour le naturaliste, un appeau possible du paresseux peut justement être le cri de cet aigle.

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Harpie féroce, un des plus puissants aigles du monde

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Caïque Maïpourri, petit perroquet amazonien

Cette petite commune rurale du bassin de Cayenne offre ainsi un certain nombre d'opportunités au visiteur d'un jour: baignade en crique ou fleuve, balades dans le bourg, en savane ou en forêt, gastronomie de qualité et zoo. Une étape à ne pas manquer, pour tout habitant et tout vacancier de passage.

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23 octobre 2009

France/Guyane - Une recette: crevettes au lait de coco et gingembre

Petit article culinaire pour vous conter l'unique recette de cuisine "locale" apprise en un an ici. La cuisine n'est toujours pas mon centre d'intérêt principal, mais ca me plait de plus en plus! La pêche crevettière est une des ressources de ce département. Des crevettes délicieuses. Quant à la cuisine guyanaise, elle est riche, variée et de grande qualité. La préparation des crevettes au lait de coco et gingembre se fait par étape.

- Prendre du Rhum, du citron vert et du sucre. Se préparer un premier Ti-punch.

- Préparer la sauce: faire revenir oignons, persil, cives. Mélanger, brasser, et boire le Ti-punch. Une fois l'ensemble revenu, mélanger avec du lait de coco, puis le gingembre et l'ail. Boire un deuxième Ti-punch et rigoler en regardant la sale gueule des crevettes. Les séduire verbalement, pour qu'elles soient plus douces à manger: "t'as de beaux yeux tu sais".

- Arracher la carapace. Le Ti-punch fini, se resservir un verre. Attention, ne pas le confondre avec le lait de coco: ne pas le verser dans la marmite, mais dans le verre. Il est aussi possible de faire une blague aux invités en faisant macérer les crevettes dans le Tit punch et non pas le citron. Rigoler en imaginant leur tête.

- Verser l'ail, le gingembre et un peu de sauce tomate. Rigoler Bêtement (sans raison).

- Verser les crevettes dans la sauce en ébullition. A ce moment là, chanter de tout son cœur Hugues Aufray:

"Non, non, non, ne rougis pas, non, ne rougis pas
Tu as, tu as toujours de beaux yeux
Ne rougis pas, non, ne rougis pas
Tu aurais pu rendre un homme heureux" Tu vas vraiment rendre un homme heureux"

- Boire un nouveau Ti-ponche, enfin punch, bref comprendre le sens de la phrase.

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- Préparer le riz, idéalement du riz surinamais. Eviter l'Uncle Benz. Attention à ne pas oublier le 4ième Ti-punch. Faire cuire le riz dans une rizeuse, pas une rizière, ou pas directement dans le plat.

- Une fois que le plat est prêt, l'apporter aux invités. Attention à ne pas se faire agresser par le chat ou à ne pas casser des verres. Boire un nouveau Ti-punch, et savourer ce bon repas.

J'ai appris cette recette en compagnie de Lola et en invitant Hervé, deux compères que vous pouvez voir sur ces quelques photos.             

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- Finir le repas par un mélange de fruits tropicaux et..un ti-punch bien sur! Bon appétit !

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22 octobre 2009

France/Guyane - Bénévolat "Tortues": synthèse d'une belle expérience !

Apprendre à protéger l’environnement assis sur une chaise d’école dans le pays le plus compétitif du monde est une chose, agir concrètement pour la protection de la nature dans un DOM à forte biodiversité mais où ¼ de la population vit avec moins de 500 euros par mois est également une source de réflexion intéressante. Aussi, je tenais lors de ce séjour à me faire une expérience de terrain et à visée naturaliste, et c'est dans ce but que je rejoignais l’association Kwata, qui s’occupe notamment d’un programme de conservation des tortues marines de Guyane. Une activité bénévole ponctuelle mais régulière, les samedi et/ou dimanche matin entre avril et août. Profiter des kilomètres de plages de Cayenne à allure vive tout en faisant une action à priori utile, apprendre à connaître l’écologie de ces espèces en voie d’extinction et absentes des plages de l' Europe continentale, créer un réseau de contacts dans le milieu associatif de Guyane, et essayer de voir cette problématique dans le contexte sud-américain: voilà quels étaient les buts de cette expérience atypique et enrichissante.   

 

Découvrir les plages de Cayenne et Montjoly

8 km de plages à contrôler tous les matins par le salarié de l’association, et les bénévoles. L’objectif: compter le nombre de sites de ponte de la nuit. Le comptage des sites et donc des tortues venues pondre sur une nuit et à terme une saison permet de voir les évolutions au fil des ans, et n’est bien sur qu’une des composantes du programme de conservation. Ces plages de l’île de Cayenne: naturelles, préservées, authentiques: s’y promener tôt le matin est un de ces petits bonheur que la vie guyanaise peut offrir. Bien sur, ce ne sont pas les plages touristiques des antilles, mais cette préservation et cette authenticité les rendent plus qu’agréables. 

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Le dernier week-end de juin: exceptionnel !

Exceptionnel car riche en évènements insolites. Le vendredi soir, dédié à une soirée d’animation des plages auprès du grand public. Après une discussion à la tonalité élevée avec un ami sur le rôle et l’utilité de ces association naturalistes, je découvrais les joies d’une première expérience dans l’animation des sites de pontes en binôme. Objectif: expliquer aux promeneurs les différentes étapes de la ponte, et plus généralement l’écologie des tortues marines et les mesures prises pour les conserver. Soirée enrichissante, qui me permit de discuter avec de nombreuses personnes, la majorité très à l’écoute et désireuses d’en savoir plus, qu’elles soient métropolitaines, guyanaises ou antillaises, de passage ou installées ici. Des animations ainsi utiles, à condition de ne pas faire la police et de prévenir avec le sourire. Soirée animation, mais ce n’est pas tout. Découverte du marquage des tortues olivâtres, programme financé par l’Europe et le WWF notamment et qui a pour but de développer les connaissances sur l'écologie des olivâtres, la plus petite des 7 espèces de tortues marines dans le monde. Le marquage d’une tortue olivâtre, une petite maîtrise à développer, mais réservé aux salariés. Pour ou contre? Mon seul avis est que cette espèce est également très menacée, que la Guyane possède des moyens et est un lieu de ponte primordiale pour cette population en Amérique du Sud: alors pour! Une facette du programme de conservation probablement utile à la vue des analyses qui ressortent déjà des données produites. Animation, assistance au marquage, et découverte en quelques minutes des trois espèces de tortues guyanaises (luth, olivâtre et verte) en train de pondre à quelques mètres d'intervalle. Beau moment nature, sans aucun doute.

Samedi matin: comptage des sites de pontes de la nuit, différenciation entre les espèces, évaluation des traces, comptages des demi-tours, parfois de nids ou individus attaqués par des chiens errants (photos 1 et 2) ou braconnés (photo 3). Deux menaces anthropiques, parmi de nombreuses autres: attaque des nouveaux-nés par les ratons crabiers, par les urubus (photo  4),  la buse buson (photo 5, notez la tortue dans la serre de gauche), puis, dans l’eau, par les dauphins (photo 6), poissons et autres dents de la mer. Le nid en lui même est parfois érodé par les vagues ou déterré par d’autres tortues en train de pondre.

 

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Nid en voie de destruction par l'érosion des plages

 

Mais en plus d’une matinée ordinaire, le téléphone sonne et nous voilà embarqués dans le sauvetage d’une tortue luth adulte. Hé oui, encore une menace que sont les enrochements des plages. Cette tortue, de belle taille, s’est retrouvé en dessus de l’enrochement et est allé droit vers la mer après la ponte. Résultat: coincée sur une roche et éraflée par le frottement contre les pierres.

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La solution : lui passer une corde sous les nageoires et tirer pour faire pivoter ses 400 kg et la remettre dans la bonne direction.  Une petite synthèse de cet étonnant sauvetage est écrite ici et se résume dans les photos ci-jointes.

 

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Tortue sauvée, et tout le monde en était content...ma petite synthèse à moi se trouve dans la photo ci-dessous, que je dédicace à certains potes qui se reconnaîtront!

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La matinée continue, et me voilà cette fois nez-à-nez avec la vie dans toute son évolution: de l’œuf à l’adulte en passant par les bébés émergents. La tortue, en pondant, a en effet déterrée des bébés et des oeufs !

 

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La vie extramarine: quand l'une dort, l'autre pleure !

Quelle difficulté pour ces reptiles marins de trainer leur poids sur le sable et d'affronter un moment de risque très important. L'effort physique est important, notamment pour les tortues Luth, qui doivent trainer 400 kg. Cette tortue, grande nageuse capable de traverser l'atlantique ou de remonter jusqu'aux côtes du Canada depuis ici, a la particularité de souffler fortement et "pleurer" lors de ses pontes. Il s'agit en fait d'un mucus produit par des glandes occulaires et qui lui permet de les lubrifier et surtout d'éliminer l'excédent de sel de son corps qu'elle accumule dans l'eau. L'une pleure...et l'autre dort ! La tortue olivâtre, qui avec son poids d'environ 36 kg et sa petite taille, est bien plus rapide sur le sable, a la particularité de parfois s'endormir pendant la ponte !

 

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Tortue olivâtre endormie sur son trou...vous, ça vous est déja arrivé ? :)

 

Cette tortue, peureuse, possède un comportement grégaire. Parmi les différentes stratégies de ponte connues chez les tortues marines, celle-ci est la plus impressionnante. Dans les régions du monde où elles sont très présentes, leur comportement grégaire se traduit par la sortie simultanée de plusieurs dizaines à milliers de femelles la même nuit, sur le même site. Ce phénomène, appelé arribada, peut être observé notamment sur les côtes du pacifique d'Amérique Centrale. En Guyane, le nombre de tortues est bien plus faible, mais des petits pics de ponte existent.

 

 

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Les émergences: en route pour l'aventure !

L’émergence. Naissance d’une vie qui sera souvent très courte. 1 tortue luth sur 1000 arrivera à l'âge adulte, et en tenant compte des facteurs anthropiques, ce chiffre n'est plus estimé qu'à 1/5000. L'émergence. un beau moment que de voir ces toutes petites tortues avancer à pas de géants vers un océan de danger...trouver l'océan peut déja s'avérer compliqué, ne serait-ce qu'à cause de la pollution lumineuse. C'est sans doute pour cela que ces trois petites Luth sont allées dans la rivière longeant la plage que j'oscultais.

  

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Tortue Luth devant un océan de danger...

 

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Traces de vie sur un désert minéral

 

Réflexions sur la protection des tortues marines en Guyane

Les sorties régulières des matinées de week-end à compter les sites de pontes m'ont permis de rencontrer de nombreuses personnes et d'échanger sur la problématique de conservation des tortues marines en Guyane. Hé oui, car parfois le débat est animé, entre des personnes voyant les naturalistes comme des mains de Dieu ou les personnes, qui, trop alcoolisées, vont jusqu’à monter sur les tortues en train de pondre. Tout le monde n'est pas d'accord sur l'utilité de la protection de ces espèces, dans un DOM ou 90% du territoire est de la forêt primaire domaniale et où le chômage bât son plein. Cependant, j’ai aussi rencontré des personnes des Antilles, de Guyane, du Guyana, du Brésil, totalement pour les mesures de protection et de conservation, et ces personnes là étaient au final nettement majoritaires. Les discussions que j’ai pu avoir étaient intéressantes et vraiment constructives, la plupart du temps. La valeur intrinsèque de ces espèces préhistoriques est évidente, mais il serait erronée d’oublier le rôle culturel, économique et touristique qu’ont joué et que jouent les tortues marines pour la Guyane. Véritable symbole nature de ce département, les voir arriver en nombre de plus en plus élevé sur les plages de Cayenne ne peut pas faire de mal au tourisme, et à la préservation de ces littoraux dont les eaux marrons ne permettront pas d'attirer le tourisme balnéaire en masse. Aussi, je pense que la conservation de ces trois espèces en danger d’extinction est un programme d’utilité réelle pour la Guyane, et certainement pas le contraire. Le braconnage? Un pêcheur guyanien que je connais, braconne parfois une à deux tortues qu'il trouve dans ses filets. Clandestin plus où moins partout ou il est passé, il pense à se protéger avant de protéger la nature. Se protéger, en mangeant une ou deux tortues. En protégeant les espèces naturelles, « ils » nous vendent leur poulet » dit il. D'accord, mais le projet TAMAR au Brésil montre que des solutions alternatives à la pêche artisanale de tortues sont possibles. Ce projet mérite une attention particulière par son envergure et ses résultats. Un exemple de développement basé sur la conservation de la biodiversité. Débuté en 1980 par deux océanographes brésiliens, alors que leur pays était le seul pays du continent américain à ne rien faire pour la conservation de la faune marine, il a permis, semble t'il,  d'améliorer le niveau de vie de nombreuses familles de pêcheurs, par la mise en place de 22 stations de suivi des tortues marines sur une distance de 1000 km de côtes brésiliennes, au sein de 8 Etats. 90% des personnes travaillant aujourd'hui au sein des stations sont des membres originaires de ces villages qui, 30 ans plus tôt, vivaient notamment de la pêche des tortues. En 20 ans, de nombreuses connaissances scientifiques sur ces espèces ont été produites, et c'est près de 8 millions de tortues juvéniles qui auraient été remises à l'eau. Alors, une réussite totale ? Seules les personnes complètement concernées par les retombées économiques de ce projet peuvent vraiment le dire.

 

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Jeune tortue luth sur une plage de Montjoly

 

Dans l’ouest guyanais, un aspect culturel fort vient en plus s’immiscer dans la problématique de conservation des tortues de Guyane à travers l’histoire mêlée entre Awala-Yalimapo et les tortues. Dans cette commune amérindienne, les oeufs étaient auparavant traditionnellement consommés, la chair de tortues utilisée pour la pêche, et les tortues vivantes étaient vendues à l’administration pénitentiaire. Avec la fin du bagne et l’apparition des filets, les personnes amérindiennes arrêtèrent en 1955 de chasser les tortues, mais la consommation des oeufs était alors très fréquente. Puis sont arrivés les scientifiques dans les années 1970. La suite, je le copie-colle de ce bouquin du WWF « la tortue luth » qui cite Daniel William, chef coutumier d’Awala-Yalimapo. « Quand je me souviens de ces premiers efforts, je me dis que personne ne pensait à l’époque que cela allait devenir contraignant pour la communauté. On se disait qu’après quelques années, tout ce suivi allait s’arrêter. Mais autour de ce travail, il y a eu des articles, des publicités, et les touristes sont arrivés. Quand il y a eu l’éclosion de l’écloserie, les gens sont alors venus très nombreux. En parallèle, les équipes se sont renforcées avec des étudiants et des volontaires, et nombreux sont ceux qui ont trouvé du travail en Guyane grâce à cela. Aujourd’hui, les choses ont profondément changé autour de la question des tortues marines. L’administration a interdit des activités qui étaient libres auparavant. On voit maintenant des gens armés sur les plages, on envoie des jeunes qui prélèvent des oeufs au tribunal et notre loi coutumière est contredite par des lois plus récentes. Il existe aussi des retombées positives autour des tortues marines, mais elles sont insuffisantes. Les bénéficiaires sont souvent hors de la communauté, et que laissent les touristes après leur passage ? Il est dommage que les associations locales à Awala-Yalimapo ne se lancent pas dans l’accueil des visiteurs, alors que de nombreux jeunes sont sans emploi. J’espère qu’à l’avenir, les jeunes ne resteront pas oisifs, je souhaite qu’ils s’impliquent. Il faut que les acteurs de la zone appuie ces initiatives, et les orientent. Il y a trop de projets qui ne visent que le court terme. Dans ce domaine, il reste beaucoup de choses à faire.»

 

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Retour à la liberté... 

4 août 2009

France/Guyane - Hamsterminé en Amazonie !

Drôle de titre à connotation amicale et émotionnelle...mais en cette soirée étonnante  du 10 juillet 2009, bercée par la musique de la femme de ma vie musicale, Lila Downs, je décidai de  faire un petit break dans cette pause réelle à mon monde virtuel. Un peu de relecture, le temps qui file: l'article n'est publié qu' aujourd'hui mais a bien été écrit majoritairement à l'époque, en cette soirée dramatique.

10/07/09. Ce soir, je viens vous parler d'une histoire de rat mort. Actuellement, je sous-loue une maison pour l'été, et dois surtout nourrir les quelques  animaux du propriétaire: 4 cages avec des hamsters et souris, une tortue et trois chiens dont le seul but sur cette planète est d'aboyer en cas de présence. Quatre cages à surveiller...mettre de l'eau, regarder ces rongeurs se balader dans tous les sens, avoir les yeux pétillants de plaisir de vivre, car pour vivre heureux, vivons cagés. La vie d'un hamster est elle si simple dans la nature ? En cage, une vie paisible et sans problèmes. Et pourtant.

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Photo: la cage d'un hamster. Sans hamster.

Une des quatre cages  semble vide. J'ouvre la grille, je soulève les caches possibles, je soulève la paille:  ma main le frôle, je bondis légèrement en arrière. Et pourtant, j'aurais dû m'en douter. Le propriétaire m'avait prévenu: "il" viendrait peut être. "il" est là.

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Photo: "Il" est bien là.

Quelle utilité de titrer chaque photo ?? C'est simple ! Le titre exprime l'état émotionnel et cognitif par lequel je suis passé ! Alors à vos émotions. Seb Caillot, prépare les anxiolytiques.

L'enquête est donc très vite élucidé. Il est venu, et le hamster est mort. Le hamster est mort, vive le hamster! Il me permettra de dire à mes petits enfants, un jour peut être, qu'en ce 10 juillet 2009, je me suis retrouvé nez à nez avec un BOA ARC-EN-CIEL dans la cage du hamster que je devais nourrir. Un petit boa, cousin de celui qui deviendra l'un des plus grands serpents du monde, le constrictor, qui est venu se nourrir et nourrir en moi bons nombres d'émotions: sursaut de peur lorsqu'en soulevant la paille je suis tombé nez à nez avec lui, joie de voir celui qui était connu du propriétaire, joie de faire des photos marrantes, peur de son agilité, excitation à l'idée de le photographier en macro, bref, tout ça à la fois et dans le désordre.

Un boa arc-en-ciel est donc venu bouffer 1 hamster dans sa cage sur la terrasse de  ma maison.  Caillot, avale les anxiolytiques, voilà les photos.

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Photo 4 - Je l'avais dit: "IL" ÉTAIT LA

Je prends un objet de taille suffisante pour ne pas trop approcher mes mains, et enlève la paille autour de lui. A ce moment là, je ne sais pas du tout quel peut être la réaction de cette espèce, que je ne connais que par le nom. Vif ? Agressif ? Je sais seulement que c'est très probablement un boa, car j'avais discuté de ce petit délinquant récidiviste avec le propriétaire. Qui dit boa dit non venimeux, mais y a t'il des exceptions ?  La paille se dérobe, l'animal se dévoile à moi...il est tout petit pour un boa mais fait déjà une belle taille, a une joli petite bouille mais me fous quand-même sacrément la frousse.

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Photo 5 - Proverbe guyanais: "Un boa, c'est un peu comme une femme étouffante, on s'en débarrasse pas facilement."

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Photo 6 - Jusqu'où est ce que j'ose approcher mon appareil ?

Karine, il est pas trop chian ton mari en ce moment même ?

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Photo 7 - Repas du soir ? Boa sauce chien hamster avec patates et rhum

Après quelques minutes de photos sous haute surveillance, je me décide à renverser la cage pour photographier l'animal depuis d'autres points de vue.

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Photo 8 - Petit boa deviendra grand (1.20 mètres pour certains spécimens)

Seb, fous pas le feu à ta maison, le serpent, il n'est pas chez toi ! Touche pas à la colle, il n'est pas chez toi ce boa!!! Karine, fais lui une piqure de calmant. Résumé:

Étape 1: Cayenne, Guyane, juillet 2009: un hamster mange des graines, paisible

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Étape 2: Cayenne, Guyane, juillet 2009: une chaussette sale provoque le boa qui a avalé le hamster

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Étape 3: Bonneville, Haute-Savoie (à 8000 km), août 2009: un incendie d'origine humaine détruit une partie de la ville, sans faire de blessés: tous les habitants sont dans le sud.

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Cet effet papillon boa, je le dédicace à mon pote Seb Caillot, avec qui j'ai eu une bonne discussion à propos de sa frousse des serpents en compagnie de quelques autres potes, juste avant mon départ en Guyane !

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19 avril 2009

France/Guyane - La conservation des tortues marines: luthons !

Ou comment allier plage et travail bénévole ponctuel. Hé oui, derrière cette liaison dangereuse se trouve une réelle possibilité d'actions utiles pour la protection d'une faune rare et menacée: les tortues marines. En effet, peut-être sais-tu, lecteur ou lectrice, que les plages de Guyane sont des sites de pontes de trois espèces de tortues marines: la tortue verte, la tortue olivâtre et la reine de tortues marines, la tortue luth.   

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Mon adhésion au GEPOG, association d'ornithologue, m'a en effet permis de prendre connaissance, par le biais des lettres d'informations, de l'association Kwata, une autre assoc' travaillant particulièrement sur la connaissance et la conservation des tortues marines de Guyane. Revenons sur ce week-end de découvertes étonnantes.

Samedi 18 avril 2009 après-midi - Balade sur la plage de Rémire-Montjoly

Les plages de Rémire-Montjoly, commune plutôt huppée de l'île de Cayenne. Des plages peu fréquentées et ainsi restées à l'état sauvage donc naturel, modelées par la force des vagues au fil des mois. Des plages ainsi préservées, une eau agitée, charriant les sédiments de l'Amazone et ainsi considérées comme désagréables et peu attrayantes pour le tourisme de masse.

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Une petite balade s'impose en cet bel après-midi et me permet de découvrir de nombreux œufs de tortues éclos dans les années précédentes...Ils ont été ressorties par l' arrivée des tortues de cette année, qui en préparant leur site de ponte creusent parfois pour enfouir leurs oeufs à 60-80 cm (tortues luth). J'avais cru dans un premier temps que des éclosions avaient déjà eu lieues, ou au contraire que les chiens errants étaient responsables de ces pertes. Sales bêtes.   

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Les aigrettes sont au rendez-vous, alors que des prises de vue originales sont possibles.

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Le retour à la voiture se fit tout de même en découvrant 3 serpents à quelques mètres d'intervalle, au milieu des flaques sous la végétation ci-dessus. 3, rien que ça !   les ados brésiliens qui suivaient n'ont pas semblé le craindre...

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Dimanche 19 avril matin - Formation au comptage des sites de pontes des tortues marines               

Dimanche 19 avril, 7h30. Le soleil est doux, le vent agréable, je suis sur la plage et vais apprendre à reconnaître et compter correctement les sites de pontes des trois espèces de tortues marines de Guyane. Un réel engouement. Je tenais à faire un brin de bénévolat avec une association locale, et ce sera donc avec Kwata. Dans un des lieux à la diversité biologique la plus riche de la planète, il serait dommage de passer à coté de ce genre d'occasions,et mettre en pratique quelques enseignements théoriques sur l'écologie! Je rencontre Eddy, un salarié de l'association qui a lâché son travail pour se lancer dans les programmes de conservation de Kwata à temps plein.

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Ponte d'une tortue verte, ponte d'une tortue luth. Deux styles différents, et donc reconnaissables. Après quelques généralités, on apprend à reconnaître les sites, et c'est parti pour un "scan" de l'ensemble de la plage. Sous la pluie, comme sous le beau-temps.

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Site de ponte d'une tortue luth - Notez les traces encore fraîches de sortie et retour  à l'eau

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Site de ponte d'une tortue verte - l'espèce s'enterre presque entièrement pour pondre

La saison des pontes est encore à son début, celle des tortues olivâtres n'a pas encore débuté. Cette première matinée de bénévolat me permet de découvrir quelques données sur les tortues marines, qui comptent seulement 7 espèces. Je découvre par exemple avec étonnement que les Luth traversent l'atlantique. Il arrive que certains spécimens "enregistrés" (à l'aide d'une puce) au Canada viennent pondre en Guyane ! Comme quoi on peut voyager écologique, il suffit de manger des méduses et d'éviter la pollution alimentaire par les sacs plastiques.

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Suite au contrôle de toutes les plages de Rémire-Montjoly, je m'approche d'un spécimen de tortue luth échoué mort la veille. Impressionnant. 400 kg à traîner sur le sable, pour parfois avoir peur des touristes flashant leur tête, être attaqué par des chiens errants - heureusement, la création récente d'un chenil à Cayenne va diminuer le nombre de sites dévastés par ceux-ci, environ 150 en 2008 - voire braconnés, tout simplement. En l'occurrence, ce spécimen sera surement enlevé (explosé ?) par les pompiers...à moins que les vautours "locaux", les urubus noirs, en fassent leur affaire...

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Pour conclure sur une note plus optimiste, il s'avère que les pontes de tortues luth en Guyane explosent depuis deux ans, et semblent bien parties pour suivre le rythme cette année. Alors qu' environ 400-500 pontes étaient répertoriées il y a dix ans, il y en a eu 5000 en 2007 et 6000 en 2008, selon les dires de notre formateur. Les raisons sont bien sur mal connues, politique de conservation, diminution des prédateurs (requins, orques) ou plus globalement modification de l'équilibre écologique global sont évoquées (cela en fera sourire certains...). Pourvu que ça dure! 

21 mars 2009

France/Guyane - "Les enfants du fleuve": éléments de réflexions (1)

"Les enfants du fleuve. Les enfants du fleuve en Guyane française: le parcours d'une psy" est un livre témoignage d'une psychologue scolaire, Élisabeth Godon,  qui a travaillé pendant 4 années sur la circonscription du fleuve Maroni (villages majoritairement bushinengés). De manière à présenter davantage la vie et la culture de ces populations, à travers celle des enfants, ainsi que les problématiques liées à l'Education Nationale en Guyane, je me permets de retranscrire quelques morceaux choisis. J'y joins quelques photos de ma première excursion sur le Maroni, en complément des photos précédemment publiées.

"Les enfants du fleuve" - Extrait 1: "A la rentrée 2008,  les écoles élémentaires de Grand-Santi accueilleront, du moins nous le souhaitons vivement, plusieurs classes d'enfants âgés de 6 à 7 ans, non scolarisés auparavant: il faut créer des postes, les pourvoir en enseignants après avoir trouvé les salles susceptibles d'accueillir tout ce petit monde. A Grand-Santi, la majorité de cet effectif se trouvait déjà sur liste d'attente. Les syndicats d'enseignants d'une part, l' Observatoire de la non-scolarisation, mis en place par le rectorat dans le souci de voir la loi appliquée partout et pour tous d'autre part, ont effectué plusieurs recensements concernant les enfants non scolarisés en Guyane. Selon les sources, le nombre oscille entre 1000 et 3000. Certains enfants sont inscrits dans plusieurs endroits du Maroni, rive droite comme rive gauche. Ils sont scolarisés d'une manière que je qualifierais volontiers de "nomade", ce qui rend difficile une comptabilité précise. A Providence, qui se trouve quelque part entre Apatou et Apaguy, la naissance de certains enfants n'aurait même jamais été déclarée, ni au Surinam, ni en France. Mais ils font partie des enfants qui, se trouvant sur le sol français, doivent être scolarisés."

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Une école du fleuve

"Les enfants du fleuve" - Extrait 2: "Souvent, les enseignants ne prennent pas en considération les éléments historiques et médicaux (non traités parce que non reconnus et non identifiés par leurs parents) de leurs élèves. Ils maintiennent alors malgré eux ceux-ci dans une position de "non-sujet": pour de multiples raisons, dont ceux-ci sont propres à leur culture, les enfants du bord du fleuve Maroni présentant des handicaps ne reçoivent pas les soins auxquels, en France, ils auraient droit: il ne sont pas élevés dans le but de réussir leurs études, et ne sont pas préparés, physiquement et moralement, à celui d'apprendre à lire et à écrire à l'école française. Une des raisons, simple, est que l'école y existe que depuis trente, au mieux quarante années. L'évolution est maintenant évidente, les enfants doivent aller à l'école. Et les enseignants doivent leur reconnaître le droit d'être malvoyants, malentendants ou dépressifs, d'être comme tous les enfants du monde. Ils doivent s'étonner de ne pas voir de paires de lunettes sur le nez de leurs élèves, de, parfois, ne jamais entendre le son de leur voix, ne pas accepter qu'ils dorment en classe, aient faim ou présentent des traces de coups, ils doivent s'inquiéter lorsqu'ils parlent de "leur coeur qui  leur donne de grands coups dans la poitrine". Ils doivent s'étonner et s'inquiéter car ils ont en face d'eux des enfants, pas "des enfants du fleuve" qui auraient cette spécificité de pouvoir se passer des soins dont tous les enfants du monde ont besoin uniquement parcequ'ils ne les reçoivent pas. Ils doivent s'inquiéter car sinon, ce déni de leur souffrance revient à dire qu'ils ne reçoivent pas de soins parce qu'ils n'en ont pas besoin: ils sont différents en tout des élèves "prévus", ce qui devient un déni de leur statut d'enfant et s'apparente à une forme de racisme. Ils ne sont plus alors ni des élèves, ni des enfants, et se trouvent dans une position d'élèves implacable."

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L'Ecole du fleuve: la même qu'à Cayenne ou qu'en métropole ?

"Les enfants du fleuve" - Extrait 3: "Le danger pour les équipes enseignantes, dont l'un des principaux combats est la lutte contre l'absentéisme et le respect des droits de tous les enfants, est que les parents gardent leurs enfants devenus grands, et non scolarisables dans les structures présentes, dans le village, chez eux. Chez eux, cela veut dire travailler dans l'abattis et à la maison. S'occuper des plus petits et du ménage, entre autre. Ne plus aller à l'école. Il faut donc ne jamais cesser la lutte. Il faut, pour chacun d'entre eux, de la petite section au CM2 en passant par les CLIS, chaque année, deux fois dans l'année si cela est possible, monter des dossiers, effectuer des équipes éducatives, inviter les parents à venir parler de leur enfant, parfois de ses progrès, parfois des soucis qu'il génère. Toujours dans l'optique de trouver une meilleure place pour lui. Dans les écoles du fleuve, à aucun moment l'école ne doit oublier que si elle ne tente pas tout, et sans cesse, pour que les dossiers arrivent, complets et en temps, sur des bureaux et dans des commissions qui doivent étudier les devenirs des élèves concernés, alors ces derniers seront oubliés. On peut parfois se demander si, justement, il n'y a pas une volonté politique de les oublier. Si l'on ne profite pas de certains aspects des cultures traditionnelles pour ne pas intervenir, pour ne pas aider ces élèves venus d'ailleurs, ces enfants de plus en plus nombreux, de plus en plus instruits, curieux, battants, énergiques à devenir des citoyens français comme les autres. Donc susceptibles d'occuper un emploi comme tout le monde en Guyane ou ailleurs. De revendiquer ce droit au travail. Ne pas se donner les moyens de traiter les handicaps des enfants du fleuve comme ceux des autres enfants de Guyane ou de Toulouse n'est pas envisageable dans la France d'aujourd'hui. Sauf s'il s'agit d'une volonté d'ignorer, de ne pas voir. Cette volonté peut se réfugier avec beaucoup de mauvaise foi derrière la grande négligence de beaucoup et un soi-disant respect des cultures assez peu crédible vu le manque apparent de connaissances, de la part des décideurs, de ces cultures et des fleuves en général."

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Le collège d'Apatou. Et après ?

20 mars 2009

France/Guyane - Une journée à Cacao

Cacao, un village étonnant de par son histoire, son environnement, et des personnes accueillantes. La route menant à cette petite bourgade de l'est guyanais s'avère, sur les 13 derniers kilomètres, être une piste plus ou moins abimée. La forêt est là, entourant l'ensemble de la route, les sentinelles (oiseaux) informent ses habitants de notre présence, et la magie opère, quand ce château, directement inspiré de l'univers de Tolkien, apparait, envahi petit à petit par une végétation aussi belle qu'imposante.

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Le panorama est par moment saisissant, laissant  une vue sur la forêt guyanaise splendide.

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Qui sont les habitants de Cacao? Des personnes qui se sont remarquablement bien débrouillées lors de leur arrivée à partir de 1977, du Laos. Cacao est un village Hmong.

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Une journée à Cacao: éléments d'histoire. Issus de la région tibétaine, le peuple Hmong s'est, en 2000 ans, installés dans différents pays d'Asie. 2 millions en Chine, 800 000 au Vietnam, 300 000 au Laos: ainsi étaient réparti le gros de la population Hmong avant 1975. Ils vivaient toujours dans les hauts-plateaux. Peuple de montagnards à l'origine donc, mais par la suite également pour des raisons de survie: pourchassés de tous temps en raison de leur différence culturelle par les autochtones de tous les pays ou ils ont cherché à s'installer, ils se sont toujours réfugiés sur les crêtes. Alliés des français pendant la guerre d'Indochine, puis des Américains pendant la guerre du Vietnam, ils furent après le départ des américains et l'arrivée du Pathet Lao (parti communiste qui a pris le contrôle du Laos en 1975)  prirent pour cible par le pouvoir en place. La plupart demandèrent à partir aux USA, mais mille se virent proposer une installation en Guyane, pour fonder un village à vocation agricole. Ils furent ainsi installés à Cacao, dans la commune de Roura, ainsi qu'à Javouhey, dans la commune de Mana. Cacao n'était alors qu'un ancien village du bagne, abandonné. Au prix de nombreux efforts, les Hmongs ont commencé à défriché, construire ce village et mettre en place de petites exploitations agricoles. Aujourd'hui, ils sont les plus importants producteurs de fruits et de légumes du département, comme on le peut le voir au marché de Cayenne.

Une journée à Cacao - acte 1: l'arrivée au village. Une heure de voiture environ, puis une piste menant à de somptueux panoramas sur la forêt guyanaise, comme ci-dessus. Des sentinelles (oiseaux) dans les arbres: nous sommes repérés, la  jungle le sait. Des bambous étonnamment grands, une piste parfois délicate, mieux vaut un 4*4, des cultures qui commencent à apparaitre. Et cet étonnant château. Le château "des choses dernières". Inspiré du seigneur des anneaux - oui oui, c'est vrai -, construit par un passionné de l'époque médiéval, il commence gentiment à se faire couvrir de plantes grimpantes aussi belles qu' imposantes. Puis, après ces péripéties maîtrisées par Hervé (copain du Rectorat), nous voilà arrivés au village.

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Une journée à Cacao - acte 2: la découverte du marché. Le marché de Cacao. Chaque dimanche matin. Étant arrivés à 9h30, nous avons pu profiter de moments authentiques, durant lesquels quasiment seuls les locaux étaient présents. La plupart des clients arrivent vers les 11h00. Le marché: des fruits, des produits alimentaires faits par les hmongs et délicieux, et des objets d'artisanat, notamment de la broderie. Splendides éléments. Un art maîtrisé. Visite du marché, puis dégustation d'une soupe hmong. Délicieuse, mais attention à ne pas mettre trop de piment...j'ai fait l'expérience en en mettant beaucoup trop, tout mon visage l'a ressenti pendant 30 minutes. Des larmes trop irritantes  pour ouvrir les yeux. Aie.

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Une journée à Cacao - acte 3: visite du musée le planeur bleu." "le planeur bleu". Étonnant nom pour cette association présentant une collection de spécimens vivants de mygales et autres beautés, mais aussi de papillons morts, d'insectes endémiques de la Guyane, ainsi que de richesses archéologiques de la Guyane. On y apprend, lors d'une présentation par un passionné de ces bébêtes, qu'il n'y a aucun risque mortel par une piqure de mygale en Guyane, ou encore que la dangerosité d'un scorpion est inversement proportionnelle à la taille de ses pinces, et qu'il existe selon cette règle un scorpion potentiellement mortel en Guyane. On y découvre aussi des scolopendres, dont, selon mes souvenirs, les piqures ne seraient pas mortelles non plus, en ce qui concerne les spécimens guyanais.

Parmi les papillons, citons les Brassolidés, papillons diurnes mais qui volent à l'aube et au crépuscule, ce qui les fait ressembler à des nocturnes (photo de gauche). Citons aussi les Caligos, ou "papillons-chouettes" en référence à leurs deux formes oculaires au "verso" ressemblant à des yeux de chouettes et effrayant leurs prédateurs, les oiseaux (au centre). Pourquoi ne pas citer également les Baeolus, surprenant par leur différence entre le recto (bleu ou orange) et le verso (blanc). Les morphos, emblèmes de la Guyane, sont aussi présentés, ainsi que certains  lycénides. Ce n'est bien sur qu'un petit éventail des nombreuses espèces de papillon d'Amazonie. La mouche cacahuète m'a quant à elle étonné!

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Mais au fait, d'où vient cette étonnante biodiversité des zones intertropicales ? Comment s'est elle formé au cours de l'évolution? Écoutant RFI le soir, j'ai en tête cette réponse d'un éminent biologiste ayant beaucoup travaillé en Amazonie. Il y a perte graduelle de biodiversité des tropiques vers les pôles et cela serait à la différence entre les facteurs qui influent cette biodiversité. Sous les tropiques, l'absence de facteurs physiques tels que le froid permet à des facteurs biologiques d'agir tout au long de l'année sur la faune. Par facteur biologique, il faut comprendre que les relations entre espèces sont sources d'évolution, c'est à dire de co-évolution. Un exemple connu est celui de la relation entre le papillon Heliconius et la passiflore...la passiflore va au fil des générations développé de nouvelles techniques de protection contre ce papillon, (imitation des œufs, développement d'une toxine etc) et cette évolution va inciter le papillon à évoluer à son tour. Or, ces facteurs biologiques, au lieu d'agir durant 12 mois, ne peuvent se développer que pendant l'été en zone tempéré telle qu'en Europe...d'où cette théorie des biologiques de l'évolution sur les causes de l'existence de gradients de biodiversité avec la latitude. 

Revenons à nos moutons scorpions en allant découvrir les espèces vivantes présentes dans ce musée. Celui-ci par exemple, ne vient pas de Guyane. Splendide, et relativement peu dangereux, à la vue de ses pinces.

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Le passionné qui nous présente son musée vivant n'a pas fini de nous surprendre en nous proposant de prendre dans nos mains cette étonnante araignée cavernicole d'Amérique centrale, que vous pouvez voir dans son élément en jetant un coup d'œil à cet article ami. Les mygales ne sont pas les seules reines en leur pays ! D'ailleurs, cette araignée cavernicole est la seule que l'on peut prendre en main dans un musée français: elle n'a aucun venin, à la différence d'une pourtant inoffensive matoutou.

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Voilà encore quelques espèces locales. Les phasmes sont particulièrement géniaux à observer dans la nature. Les mantes religieuses et autres sauterelles ne sont pas mal non plus!

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Cependant, la Guyane n'est pas seulement connue pour sa nature, mais aussi pour son passé...les bagnards étaient envoyés ici, et certains objets permettent de ne pas l'oublier.

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Une journée à Cacao - acte 4: la visite du village. Ce village étonnant. Lorsqu'on s'y balade, on n'ose imaginer le travail qui a été fourni pour en arriver là. Une balade très agréable. On s'y promène au milieu des ramboutans, arbres et fruits de la famille des litchis. C'est la saison, c'est bon et peu cher: de bonnes raisons pour en manger presque tous les jours! Et puis il y a cette église, ces maisons, cette station service...chaque rue offrant son brin de dépaysement.

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Cacao, un dimanche de mars 2009. Une belle journée.

15 mars 2009

France/Guyane - Du côté de la nature: découvertes ornithologiques (2)

Le jardin des guyanais est la forêt amazonienne. Mais n'imaginez pas que c'est le seul paysage de ce DOM vert...hé oui, qui dit Guyane dit côte, et en cette belle journée du 5 mars, c'est dans un écosystème inédit pour moi - non pas en 5 mois de Guyane mais bien en 28 ans de vie - que j'ai réalisé ma première sortie à visée intégralement naturaliste, avec le GEPOG, association d'ornithologues. Quel est cet écosystème ?? En fait, il y en a deux. Le premier, qui sera le principal site d'observation, est une splendide vasière.         

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Le second est l'écosystème végétal qui pousse autour et évolue très rapidement: une mangrove.

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La côte guyanaise...découvrons là en citant ce très beau livre que je recommande à tout amoureux de la nature. 300 km, délimitée par deux estuaires (du Maroni et de l'Oyapock). Très influencé par le tout puissant Amazone, son littoral est particulièrement dynamique, évoluant sans cesse au gré de l'érosion, ou, au contraire, des dépôts de sédiments. Sauvage et difficile d'accès, le front de mer est le lieu de confrontation direct entre la mangrove et l'océan. Ce n'est qu'à de rares endroits qu'apparaissent des plages de sable...hé oui, la Guyane a de très belles plages, mais, je le découvre par cette lecture, elles sont loin d'être nombreuses. Surpris, maintenant je comprends enfin pourquoi les tortues viennent pondre seulement à quelques endroits du littoral...forcément! D'ailleurs, ça tombe bien, l'une de ses grandes plages est à 10 minutes en vélo de chez moi...Aussi, cette côte est avant tout l'occasion d'observer des concentrations importantes de limicoles...limicoles ? Du latin limicola, de limus, "vase, boue" et colere, "habiter"...et en cette belle fin de journée, c'est donc à marée basse que je vous emmène ausculter cette splendide vasière découverte par la mer. Comme quoi, la vase de mangrove ne sert pas seulement aux Natural Tribal !

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La vasière, interface physique périodique entre mangrove et océan

Cette belle vasière offre une nourriture abondante à nombre d'aigrettes. Ainsi, devant nous, observateurs du moment, se baladent et chassent, de manière caractéristique, de splendides aigrettes bleues. Habitante du nouveau monde, elles fréquentent en Guyane toute la zone côtière et semblent se limiter aux vasières du littoral, exception faite des rizières de la région de Mana. L'aigrette bleue, au même titre que tous les autres hérons de Guyane, est entièrement protégée en tout temps et en tout lieux.

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Sa "cousine" est l'aigrette tricolore. Elle se différencies de l'Aigrette bleue par son ventre entièrement blanc, et par son mode d'alimentation, une pêche à l'affut. Oiseau du Nouveau Monde, elle affectionne en Guyane les vasières, les mangroves et les criques soumises à l'influence des marées. Elle est également entièrement protégée.

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Une belle aigrette neigeuse chasse à la limite de la mangrove. Blanche de plumage, aux pattes et bec noirs, elle a aussi les pieds jaunes, tout comme une partie de peau nue à la base du bec.   

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Autre joli héron du littoral guyanais mais présent dans beaucoup de pays du monde, le Bihoreau violacé. Héron qui, lorsqu'il n'est pas persécuté, peut être très familier et nicher en pleine ville ou dans des parcs très fréquentés, comme à Georgetown au Guyana.

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Alors que je reste admiratif devant ces somptueuses aigrettes, mon regard se tourne vers la droite, à l'arrivée d'une population de mouettes...accompagnant, comme souvent, un pêcheur venu chercher son repas. Combien d'espèces peut on y voir ?? Petit jeu...la réponse est déjà citée. Alors ? Je suis sur que les écologues amateurs l'auront deviné...Une seule ! Hé oui, en écologie fondamentale, une population désigne l'ensemble des individus d'une même espèce qui occupent simultanément le même milieu. Et je suis certain de ma réponse: il n'y a qu'une seule espèce de mouette en Guyane, la mouette atricille. Fidèle compagne des pêcheurs guyanais, elle profite en particulier des très nombreux déchets rejetés par les crevettiers qui relâchent environ 90 kg de poissons morts pour seulement 10 kg de crevettes prélevées.   

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Mais revenons à nos limicoles. Voilà un petit oiseau fort sympathique à observer, le bécasseau semipalmé. Sans aucun doute, ce bécasseau est le limicole le plus abondant en Guyane, présent par centaines de milliers aux époques les plus favorables. Grand migrateur se reproduisant dans l'extrême nord de l'Amérique (Alaska), ses effectifs sont, selon l'ornithologue présent en cette soirée, en chute libre...problème de disparition de son habitat. Sa manière de sonder la vase avec son bec pour chasser est plutôt marrante à regarder.

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La parole est lancée: "regardez là-haut, en voilà". Je lève la tête, et les vois. Je prends une photo, que je recadre, puis je colle mes yeux à ma paire de jumelle. Majestueux. 4 ibis rouges en vol. L' ibis rouge, un des symboles de la Guyane. Splendides. Un plumage remarquable, un bec en courbe caractéristique. En Guyane, ils se rencontrent presque exclusivement sur les vasières et lagunes littorales, et dans la mangrove en front de mer, et les estuaires. Considéré comme un gibier jusqu'à 1984, très chassé, on en trouvait sur les marchés guyanais et dans de nombreux restaurants. Chassé en second lieu pour son plumage, il a ainsi failli disparaître de la Guyane. Aujourd'hui protégé par arrêté ministériel, le statut de l'espèce reste cependant précaire en Guyane (4500 couples en 1995). Voila d'autres infos.

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Les observations ne s'arrêtent pas là, mais toutes ne sont pas photographiées..grande aigrette, spatule, moucherolle pie, balbuzard pêcheur sont d'autres espèces observées en cette belle soirée de mars. Ce moment précieux, terminé par une averse, restera dans ma mémoire. Un moment simple et accessible à tous, qui rendra certains insensibles mais qui suffit à véhiculer en moi de belles d'émotions. Voir ce monde naturel évoluer dans son milieu, découvrir et ressentir cette nature si présente en Guyane, profiter de ce séjour pour vivre davantage l'ornithologie, observer des nouvelles espèces, rencontrer des passionnés locaux. Cela ne demande pas d'argent et suffit largement à embellir mon séjour. D'ailleurs, cette première excursion me décide à ne plus laisser passer de temps: j'adhère au GEPOG pour réaliser le plus possible d'excursions ornithologiques, et sans doute également à la SEPANGUY, une autre association qui organise plutôt des sorties plantes et insectes. De beaux moments en perspective...          

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Et la mangrove continue de se déplacer sur les bancs de vase...

6 mars 2009

France/Guyane - Carnaval 2009: Balade au coeur des Natural Tribal

La grande parade de Kourou est le grand défilé des groupes de l'année, mais cela n'empêche pas que Cayenne ait aussi le sien! Aussi, Dave, un pote rencontré via Couchsurfing, me proposa de me joindre à lui pour vivre le temps d'un week-end au sein d'un groupe étonnant de ce carnaval: les Natural Tribal. L'association du même nom a été crée par Tony Riga, artiste guyanais, qui, sensible au nombre de déchets jonchant les bas-côtés des routes guyanaises, décidait, il y a une dizaine d'année, de défiler au carnaval en créant des costumes à partir de tout déchet jonchant les routes, et tout objet naturel: bois, vase, déchets verts plus généralement. Un costume crée par défilé et à moindre frais. Aussi la thématique  de cette année était la création d'une armée de guerriers du futurs, pacifiques (sans armes) et écolos.   

La préparation du char, la finalisation des costumes par les participants et la mise en scène de la musique eut lieu en cet agréable samedi 21 février.

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Mais c'est bien dimanche 22 février que la parade eut lieu à Cayenne. Appréciez le char, étonnamment décoré et enduit de vase de mangrove: un style, sans aucun doute, et un vrai trône pour le roi de l'armée. 

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Tout est emmené à proximité du départ de la parade: char, objets et costumes. C'est à ce moment là que commence la dernière ligne droite, à savoir l'habillage de chaque participant...une des règle de la journée: tout le monde enduit de vase de mangrove. 100% naturel. Et hop, c'est parti !

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Puis chacun aide son voisin pour améliorer l'enduit, puis décorer avec patience et assiduité visages, cheveux et toute partie charnelle possiblement oubliée. Il n'y a pas grand-chose à ajouter, les photographies sont bien plus parlantes!

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Petit à petit, la préparation avance, et apparaissent d'étonnants déguisements...de belles décorations, de savantes inventions, de surprenantes idées. Difficile de trouver le bon qualitatif. De l'originalité, à n'en point douter. La créativité est peu enseignée dans l'éducation française, et je suis certain que peu de personnes développent leur potentiel artistique et créatif. Participer à ce genre d'évènements est une bonne solution pour développer son imagination.

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Tous les costumes ont leurs particularités. Tous sont beaux, certains sont splendides.

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Voilà encore quelques photos de cet étonnant groupe...Un vrai plaisir d'avoir pu les suivre tout un week-end. Je ne connais pas leur classement, mais ce groupe a le mérite de créer ses costumes pour chaque défilé, avec 0 achat. C'est moins le cas de la majorité des autres groupes. le Carnaval serait il devenu davantage commercial qu'auparavant? Ce serait le cas selon la discussion que j'ai eu avec un guyanais. Ce n'est pas pour ça que c'est pas bien et que ça ne vaut pas le coup! Hé puis ici, c'est un élément important de la culture guyanaise, non pas comme la fête d'halloween, purement commerciale en France, par exemple. Voilà encore quelques photos, d'autres seront rajoutées lors de la création de l'album. 

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Un beau week-end que ce défilé au sein même de ce groupe alternatif, qui m'a vraiment plu et fournit parmi les plus beaux costumes du carnaval. 100% écologique, économique, avec une grande originalité conceptuelle, une créativité artistique étonnante et une bonne ambiance. De belles rencontres !

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Une Souris et des Hommes
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