Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une Souris et des Hommes
volontariat international
21 septembre 2015

France/Aquitaine/Dordogne - Une journée à Mouleydier (1)

Des cigales dans les arbres. Non, nous ne sommes pas au bord de la Méditérannée, mais à 10 km de Bergerac. A Mouleydier exactement, petit bourg paisible au bord de la Dordogne, douce rivière du sud-ouest français. Durant une de ces belles journées d'août 2015, le site des écluses des Tuilières, un des plus bel équipement hydraulique de ce type en France, paraît-il, est occupée par un magnifique groupe de volontaires internationaux apportant une goutte d'eau à l'entretien de ce patrimoine.

Une douce rivière. Dordogne, douce rivière, proche de ta cousine Ain, quoique plus sombre et peut-être plus eutrophe. Une rivière longée de ces magnifiques écluses; des canaux aux promenades bucoliques sous un chaud soleil. Une rivière qu'il fait bon photographier. Comme en cette matinée, à Couze, une commune voisine, où un autre chantier international fait doucettement grandir quelques identités. Car qu'on se le dise, avec les échanges interculturels, accessibles à tous, par tous, pour tous, nos identités grandissent sans cesse.

P1060517

Une atmosphère magique, un doux matin d'août 2015, à Couze, Dordogne

P1060506

Des écluses et des canaux. Et qui dit rivière, dit habitants. Qui dit habitants, dit territoire. Et qui dit territoire, dit aménagement. Et le long de la Dordogne, un barrage, des écluses, des canaux. Et des reflets magnifiques.

P1060597

P1060393

P1060398

P1060399 g

P1060599 

Des Terriens. D'ici ou d'ailleurs. Car rappelons-le, un chantier international doit permettre de se faire rencontrer des Français et des internationaux pour partager un peu d'humanité dans ce monde difficile. Emanciper quelques résistances, ouvrir de nouvelles perspectives par la rencontre internationale...mais alors, qui sont-ils, ces jeunes adultes de la planête Terre qui ont envie de faire une petite action utile. Car souvent, une action simple est déjà une grande action. Petites présentations, par eux-mêmes.

TEMP MANU3

Jacob a entendu parler du service volontaire international via sa copine Katérina...le bouche à oreille, principal moteur de l'inscription de jeunes terriens sur les chantiers : salut ! Mon nom est Jacob. Je suis de République tchèque, à Prague. J'ai 22 ans et étudie la chimie. C'est mon premier chantier, alors je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'ai été surpris en bien par cette expérience. J'ai rencontré de nombreuses nouvelles personnes, que ce soit les volontaires de différents pays ou les habitants accueillants de Mouleydier.

P1060251 

Chen est la première habitante de Taïwan avec qui j'échange. C'est une chouette personne, très expressive, et elle nous livre une petite présentation de son ressenti : bonjour ! Je suis Chen. Je viens de Taïwan et ai 21 ans. Je suis étudiante à l'université, en littérature chinoise. Je devrais être diplômé l'année prochaine. Ensuite, j'aimerais être journaliste. J'aime le voyage et le contact avec d'autres personnes dans le Monde, et ce chantier international me donne l'opportunité de voyager et vivre dans un endroit où je ne suis jamais allé. Dans ce projet, je vis et travaille avec 14 autres personnes (plus les 10 autres personnes de Couze), et la plupart du temps j'ai l'impression que je n'ai besoin que de parler, rire, manger...avec tout le monde. La vie ici est simple, mais abondante Je pense que je vais chérir ces souvenirs à propos de ces journées. Par exemple, regarder les étoiles dans le ciel; travailler avec d'autres personnes; visiter des petits villages; cuisiner, faire la vaisselle; nager dans la rivière; faire du vélo dans la forêt; apprendre des nouveaux mots dans des langues étrangères; j'apprends beaucoup !

P1060357

Giyeong-Jin, elle, vient de Corée du Sud. A 19 ans, elle est une jeune étudiante en première année d'une école formant à l'administration policière: mon premier objectif était de voyager en Europe...puis, celui-ci a évolué, du fait que j'aime rencontrer d'autres personnes et apprendre sur d'autres cultures. Ce chantier international est une expérience très très spéciale pour moi, et très mémorable. Nous sommes 15 personnes ensemble, vivant ce projet. Le travail est parfois fatiguant, mais j'apprends beaucoup des autres cultures et me fais des amis de plus en plus proches. En premier lieu, je croyais que les personnes asiatiques et européennes étaient différentes. Par exemple, dans leur manière de penser et d'agir...mais cette représentation a évolué. Nous sommes pareils. Comme résultat, je dois dire que ce chantier international à Mouleydier et très important, c'est une grande expérience !

P1060356

IMG_3620

Giyeong-Jin, Chen et Jacob avec Mad, Guinéen rencontré à Laurenan

Giyeong-Jin est probablement venue sur ce projet via la principale structure du Service Volontaire International en République de Corée : International Workcamps Organisation, (IWO). Et si on allait faire un petit tour sur son site web ? Il s'agit d'une ONG qui propose des chantiers en Corée et envoie les volontaires coréens sur les projets des partenaires mondiaux. Date de création : 1999 ! Frais de participation pour les volontaires coréens, sur les projets en Corée : aucun. Son principal objectif :  la Glocalization, à savoir amener le Monde en Corée du Sud et faire en sorte que la Corée du Sud soit ouverte au Monde. Ses activités principales se résument en deux mots : Global Education. G: Growing and Training Youth and Volunteers. L : Leading a new paradigm in the field of non-formal education. O: organizing International Voluntary Services. B : Building Intercultural Programs. A: Arranging international conferences and seminars. L : Learning and understanding diverse cultures. Une association ayant 15 ans d'âge, et qui envoie environ 1800 Coréens sur les projets européens. Cela reste une goutte d'eau dans l'océan. Mais elle est belle.

Publicité
17 juillet 2015

France/Auvergne/Puy-de-Dôme - Une journée à Pont-du-chateau

Jamais. Et pourtant, si. Animer un projet avec des lycéens. 17 ans après être devenu majeur. A un âge qui, dans une série statistique sur l'âge des jeunes de France, s'approche terriblement d'une valeur aberrante à éliminer. Franchement, quand on est un teen, participer à un échange de jeunes, dispostif Erasmus+ qui a pour objectif de faire débattre des jeunes de quelques nationalités sur une thématique donnée, c'est bien. Mais participer à un échange de jeunes avec un animateur de deux fois son âge...hummm...c'est qui lui ? Pourquoi pas, mais peut-être pas, quand même. Faut dire, l'animation en général est un métier qui s'exerce plutôt dans la tranche d'âge 18-35, un métier de jeunes, quoi...et ceux qui y font carrière cherchent après à évoluer dans les structures d'animation et autres centres sociaux. Enfin, ce n'est pas moi qui le dit, hein, je ne fais qu'écrire quelque chose que j'ai lu récemment dans un livre. Bien sûr, à toute bonne règle des exceptions, et il n'y a qu'à prendre l'exemple d'animateurs techniques de tout âge qui apportent, le temps d'un chantier international, une compétence technique, à défaut de savoir vraiment animer. Forcément, quand on voit la grande variété des actions collectives, bénévoles et volontaires d'intérêt général sur le territoire national via le site d'Observo, on imagine bien qu'il existe des personnes s'engageant à tout âge dans ces démarches là. Mais quand même, on apprend une chose, quand on baigne dans une grosse asso comme Concordia sur son temps libre, c'est que jamais, il ne faut jamais le dire. Alors voilà. Je me retrouve comme devant animer un projet sur le thème des enjeux liés à l'eau pendant dix jours avec des lycéens de France et d'Italie. Arf, fichus djeuns ! C'est bien connu, les jeunes, les ados, c'est dangereux pour la société : "lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leur élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors c'est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie." N'est-ce pas là un magnifique tableau de notre jeunesse contemporaine, que rien ne semble pouvoir arrêter dans son manque de respect et son absence de valeurs ? C'est effectivement ce qu'en pensait Platon, auteur de cette citation, au IVième siècle avant J.-C !

P1060074

Insécurité accrue sur l'Allier : attention, un jeune !

Des lycéens de 15-17 ans donc, de France et d'Italie. Dans un camping, au sein de la commune de Pont-du-Chateau, vers Clermont-Ferrand. C'est marrant de se retrouver à vivre dans un camping avec des lycéens, alors que depuis le bac, je n'avais jamais été en contact avec un groupe du lycée...ni pion, ni prof, notamment. La ligne directrice de la thématique : le projet Fleuves du Monde, produit une association quebecoise. Une invitation au voyage et à l'aventure par la découverte de 8 grands fleuves du Monde. La possibilité de se mettre dans la peau d'un chef politique d'un village d'un affluent du Niger qui doit travailler avec les habitants et une ONG de développement sur un projet de construction d'un micro-barrage d'irrigation. Un peu trop scolaire au goût de certains...mais un échange de jeunes est aussi source de visites: le centre d'information de Volvic, à défaut de l'usine d'embouteillage. une descente en canoë sur l'Allier, dans le cadre du marathon du saumon, activité ludique organisée notamment par une association qui oeuvre à la protection du saumon atlantique dans la Loire-Allier. Une station d'épuration ? Manque de temps, malheureusement. Des débats mouvants, par exemple sur l'affirmation : "boire l'eau directement à la source est meilleure pour la santé que boire l'eau du robinet".

P1060029

Et puis, bien sûr, certaines visites en dehors de la thématique: le Puy-de-Dôme par exemple ! Histoire de voir enfin cette chaîne des Puy, d'apprécier le paysage local du département.

P1060102 

P1060096 P1060111 P1060113

P1060119

Mais dans tous ces dispositifs destinés (surtout) aux 15-30 ans, et qui malheureusement ne touchent que 2% des jeunes nés dans la même année, il y a aussi toute l'éducation informelle naturelle au jour le jour. Les échanges divers et variés sur la vie de chacun dans les territoires d'origine des jeunes, sur les petites nuances culturelles observables...nuances culturelles dont le jeu du Barnga est une belle métaphore! Voilà. A bientôt 35 balais, toutes les statistiques ne nous considérent plus comme des jeunes...Mais alors, ces jeunes adultes en devenir, aux t-shirts de Gun's n roses, aux sacs eastpak tâchés par des déclarations d'amour typiquement adolescentes au Tipex, sont-ils très différents d'il y a 15-20 ans ? Bien sûr, non ! Une nuance quand même: les échanges sur la cocaïne (je ne parle pas de sa consommation !) m'ont semblé plus importants et naturels que dans les années 90. Mais sinon, c'est fou, il y a 17 ans, on était comme eux ! Et c'est tant mieux.

P1060127

10 avril 2015

Une souris et...Laura, Esra et Elvira : partout dans ce monde...

Partout dans ce monde, il y a des voix qui résonnent. On peut s'en apercevoir lorsqu'on participe à l'étude des motivations de candidats à un volontariat SVE pour être actif quelques mois au sein du service jeunesse d'une communauté de communes auvergnate. Analyser ces candidatures pour en sélectionner une permet de découvrir quelques personnes avec qui sont partagées quelques valeurs. Sélectionner une candidature, certes. Mais pas seulement sur des savoirs-faire et un diplôme. Dans la philosophie du SVE prime aussi et surtout la vision personnelle du volontariat, ses dimensions citoyenne ou interculturelle. Extraits.

Laura - 25 ans - Italienne de Mirano (Vénétie) : as-tu déjà été engagé dans des actions de volontariat/bénévolat ? Oui, j'ai eu des expériences de bénévolat et volontariat assez hétérogènes. D'abord, des courtes expériences dans le domaine humanitaire, dans les kiosques de "Telefono Azzuro", l'association italienne qui s'occupe de lutter contre les différentes formes de violence sur les enfants; l'activité consistait à la sensibilisation du public envers l'association. En milieu culturel, j'ai été bénévole pendant quelques années dans un festival international de littérature, où les étudiants s'occupaient de la gestion du public et de l'accompagnement des écrivains. Mais mon expérience la plus importante a été en août 2012, lorsque j'ai adhéré à un chantier international de deux semaines organisées par Lunaria, mon association. Le chantier s'est déroulé en Allemagne du Nord, et j'ai collaboré avec une dizaine d'autres jeunes provenant du monde entier pour la restauration d'un navire ancré au port de Stralsund. Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? L'idée de participer à un SVE aiguillonne mon imagination depuis très longtemps. J'avais envie de me trouver dans un contexte international, d'apprendre ce que voulait dire entrer en contact avec des personnes très différentes de celles qui peuplaient mon village, mon université, mes espaces. La même idée m'a poussée à partir à l'étranger lorsque j'en ai eu l'occasion. J'avais la même idée que j'ai aujourd'hui, qui est devenue de plus en plus claire pour moi : nous avons la chance d'être des jeunes dans un monde en mouvement et non seulement nous pouvonr en profiter, mais il s'agit aussi d'une sorte de responsabilité. "L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture de crâne", j'ai lu sur un mur à Lille. Il est fondamental de changer de point de vue, de renoncer aux points de référence, même pour un instant, pour comprendre l'autre. Et je crois que ça devrait être l'objectif le plus important dans notre monde kaléidoscopique. Ce projet au sein du service jeunesse de la communauté de communes me semble une idée parfaite pour développer cette idée. C'est un point de départ idéal pour diffuser et faire circuler les principes de l'interculturalité, et en particulier pour crééer une éducation à la citoyenneté du monde. Je crois que je pourrais apporter mon expertise dans des situations communicatives et relationnelles très variées, pour stimuler la rencontre libre et ouverte.

Fracture du crane 

Esra - 22 ans - Turque de Besni (Anatolie du Sud-Est). As-tu déjà été engagé dans des actions de volontariat/bénévolat ? Ma première expérience bénévole date de 2013 avec l'associatioon YASOM, qui signifie "association d'éducation informelle", ou, littéralement, "apprendre par le centre de la vie". C'est une organisation de jeunesse qui a été fondée par des étudiants. Ce que nous essayons de faire est d'augmenter la conscience de l'apprentissage par la vie. C'est une plateforme ouverte où les jeunes peuvent créer, apprendre, partager et enseigner sur les besoins des jeunes et leurs intérêts. Nous croyons aux effets de l'éducation informelle, donc nous supportons des workshops et activités avec les outils de l'éducation informelle. Nous avons des clubs pour parler les langues étrangères, des projets de responsabilité sociale etc. As-tu déjà participé à un projet international/européen de jeunes ? Oui, en 2013, j'ai participé à un séminaire européen du CCIVS: "inclusion sociale et participation active des jeunes." Durant 10 jours, nous avons discuté de la citoyenneté active, des opportunités pour les jeunes, de l'inclusion et l'exclusion sociale". Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? Culture, structure sociale, politique, géographie : chacun compose ses besoins sociaux de différentes manières dans la société. J'ai toujours pensé que la manière la plus efficace d'apprendre est l'apprentissage par l'action et l'observation. Ainsi, des places multiculturelles sont parfaites pour l'apprentissage interculturel, qui lui-même permet d'intensifier la tolérance entre les personnes.

Elvira - 23 ans - Russe de Kemerovo (Sibérie). Décris tes motivations et attentes pour ce volontariat ? Je pense être une personne très ouverte, curieuse à propos de tout. J'ai eu l'habitude de travailler dans un contexte multiculturel et j'ai vraiment apprécié. Je crois en ma capacité de contribuer aux activités concernant des thèmes tels que la mobilité internationale, l'interculturalité. Je suis aussi très excitée à l'idée d'être animatrice de chantier international. En effet, tous mes anciens chantiers internationaux ont été de très belles expériences, en partie grâce aux animateurs. Aussi je voudrais faire du volontariat la même expérience pour d'autres personnes, afin aussi de promouvoir une idée de citoyenneté active auprès des jeunes de la communauté de communes.

No facism.

26 janvier 2015

Une souris et...Giselle : une Ts'Italienne à Lyon

Eté 1994. Chez mes grands-parents, je supporte l'étonnante équipe de Suède et son attaquant Kenett Andersson atteignant les demi-finales de la coupe du Monde de football, remportée finalement par l'équipe du Brésil. C'était aux Etats-Unis, sous un soleil caniculaire, et cette coupe du Monde constitue la première que je suivais un peu. C'était il y a 20 ans, et étrangement, aujourd'hui, le souvenir le plus clair qu'il me reste de cette année est le suivi de ce Mondial...mais d'autres souvenirs rejaillissent doucement, plus flous certainement, mais réels. Il faut dire qu'à cette époque-là, on apprenait notamment l'histoire du 20ième siècle en faisant les pitres dans les classes de 4ième et 3ième d'histoire-géographie...des bons souvenirs, mais je me rappelle encore des propos de mon professeur de l'époque, Mr Whurlin : "ayez conscience qu'à deux heures d'avion de Genève, certains pays sont en guerre". A deux heures, ou un peu plus loin. Au Rwanda par exemple. Autre pays, autre actualité. Celle d'un génocide...quelques images des infos, mais sinon ? Pas grand-chose. Il faut dire qu'à 14 ans, on est à peine adolescent. Peut-être une forme de déni ? Une réalité difficile à intégrer alors que la sienne, dans le bassin annemassien, est globalement douce. Je ne sais pas. 20 Septembre 1995. Dans un camp du Zaïre naît une Rwandaise de parents réfugiés de la guerre : Giselle.

CONCORDIA 2015

Septembre 2014. Giselle a 19 ans. Elle a passé son baccalauréat dans la ville de Padoue, en Italie, et décide de partir faire un service volonaire européen (SVE) au sein des locaux de l'association Concordia. Son objectif: affiner sa conscience européenne, améliorer son français, voyager. En Italie, ses parents travaillent dans le champ de l'action sociale, et dans son petit village, ils représentent une famille de Blacks au milieu des Blancs. En cette soirée de janvier 2015, nous évoquons la période du génocide Rwandais. Ses parents qui sont partis dans les camps de réfugiés au Zaïre, aujoud'hui République démocratique du Congo. Elle qui est arrivée en Italie à l'âge de 5 mois. Et qui aujourd'hui, réalise un volontariat européen. Une belle expérience avant le monde étudiant. Quant au génocide, elle dit ne pas s'y identifier, elle qui ne l'a pas vécu. Mais toutefois, Giselle, Tutsi ou Hutu ? Généalogiquement, un peu des deux. Mais aujourd'hui : "Italienne, évidemment" !

18 décembre 2014

France/Rhône-Alpes/Ain - Une journée à Cerdon

Dispositif de mobilité internationale. Voilà un terme qui m'était inconnu lors de mon départ en Irlande, en 2007, relaté dans les pages historiques de ce blog. Il faut dire qu'en 7 ans, il s'en passe des choses. Alors que l'Irlande fonctionnait dans une économie en plein emploi, la crise financière est passée par là, et le pays est revenu à une croissance dans "la normale". Et puis quand on sort tout juste des études, il n'est pas forcément évident de connaître les dispositifs qui existent à côté du célèbre Erasmus...enfin, partir dans un pays anglosaxon pour affiner sa connaissance de la langue de Shakespeare et s'ouvrir à une nouvelle culture passe par un emploi, qui même s'il n'est pas toujours très utile à moyen terme, permet au moins de pratiquer un peu le pays et ses gens. Mais voilà. Comment partir en Lituanie, pendant quelques mois, sans avoir à apprendre cette langue à priori peu utile en dehors du pays !? L'Union Européenne offre cette possibilité via un dispositif, le Service Volontaire Européen. Et c'est via ce dispositif qu'Evgeniya, Bielorusse originaire de Pinsk et vivant à Minsk, se retrouve pour 6 mois à Lyon. Pourquoi faire un SVE ? Une question, plusieurs réponses : "j'ai décidé d'utiliser ce dispositif de mobilité internationale car je ressentais le besoin de partir du Belarus, et en quelque sorte de davantage me trouver" Et c'est donc pour 6 mois qu'Evgeniya rejoint Concordia Rhône-Alpes pour apporter une pierre à la vie de la structure, en compagnie de Giselle, d'Italie. Quelques mois après son arrivée, elle confie avoir affiner les objectifs de son expérience expatriée en France : apprendre sur le montage de projets Erasmus+; apprendre sur la culture française, et la vie de tous les jours. Et pour apprendre sur la vie des habitants d'un territoire au jour le jour, un des outils les plus puissants n'est-il pas l'échange avec eux ? Dans un centre-ville mondialisé comme celui de Lyon, ou dans un village reculé de ce que le géographe Christophe Guilluy appelle la France périphérique, ou du moins d'une France plus rurale et moins mondiale ? Oui, mais pour pouvoir échanger, il faut aller les voir. Et pour pouvoir aller les voir, il faut une voiture ! Et pour avoir une voiture, on fait quoi ? On demande à la pop loc ! Ben oui, bien sûr ! C'est donc en cette belle journée du 8 novembre 2014 qu'Evgeniya et Giselle profitent de leur première expérience d'expatriée en France pour s'en aller visiter quelques jolies places du Bugey : Pérouges pour commencer.

P1050617

P1050620 P1050626 P1050606

P1050628

Giselle, elle, a 19 ans. Son désir : exploiter ce dispositif de mobilité pour partir dans un pays de langue inconnue. Pas en France, dont la langue lui est connue, mais plutôt un pays du Nord : Danemark, Norvège, Suède. Malheureusement, les différentes organisations d'accueil dans ces pays ne fournissent aucune réponse positive, et c'est à Lyon qu'elle se retrouve. Et finalement, elle en est très heureuse ! Même si son français est déjà excellent, elle utilise cette possibilité de mobilité pour se déplacer en divers points du pays, affiner sa conscience de la diversité géographique et humaine de la France métropolitaine. Par exemple, en allant visiter le joli village de Cerdon.

P1050633

P1050663

P1050673

Puis vient la fin de journée...qui nous laisse le temps d'aller observer le coucher de soleil depuis le mont Balvay, sur la commune de Leyssard. Une belle journée, qui est rendu possible grâce à l'existence de ces programmes de volontariat européen...et des systèmes de "solidarité" locale, via le véhicule individuel notamment. De quoi continuer à intégrer le concept de la vertu de la mobilité entre quartiers, entre régions, ou entre milieux urbains et ruraux...permettant l'échange interculturel, le choc culturel, tant pour les citoyens étrangers que français.

P1050698

P1050684

P1050705

Publicité
6 décembre 2014

Grèce/Macédoine centrale - Une journée à Thessalonique

En ce beau mois de septembre 2014, je me retrouve pour un week-end de travail à Théssalonique, Grèce, dans le cadre d'un engagement bénévole que j'ai pris au sein du groupe de travail "environnement" de l'Alliance des organisations européennes du service volontaire, réseau permettant d'organiser les échanges internationaux comme celui de Laurenan.

P1050564

En effet, chaque année est financé un week-end permettant aux différents membres des groupes de travail de se retrouver et travailler physiquement ensemble, alors que le reste de l'année les échanges se font seulement par conférence skype et mails. Cette année, c'est l'association Citizens In Action, qui propose à ses adhérents les dispositifs types du programme européen Erasmus+ (Service Volontaire Européen, échanges de jeunes, formations) et l'accès aux chantiers internationaux en Grèce ou à l'étranger, qui organise le week-end de travail. Théssalonique (520 km au Nord d'Athènes) est la deuxième plus grande ville de Grèce, construite le long du front de mer. La ville est composée de personnes de cultures variées, mais malgré son histoire multiculturelle, les dernières décénnies sont caractérisées par son profil xénophobe et conservateur. Toutefois, ce profil s'adoucirait depuis 5 ans. Depuis le début de la crise économique en 2008, la ville a montré une grande augmentation d'initiatives citoyennes, dont certaines nous sont présentées dans le cadre de visites de terrain organisées en matinées. C'est ainsi qu'une matinée est consacrée à la visite du premier jardin communal auto-géré de Macédoine centrale. Ce jardin a été créé par le groupe PERKA. Celui-ci a été formé au début de l'année 2011 par des habitants de Théssalonique dont le but était la culture communale, saisonnière, des légumes, fruits, fleurs et herbes, dans les champs dans ou à proximité de Théssalonique. Avec le soutien du Club Cultural local, le groupe a commencé à cultiver une petite partie de l'étendue des 68.9 hectares de l'ancien camp militaire Karatasou. La culture n'est pas destiné au profit, mais couvre une partie des besoins des membres de PERKA et est basée sur les principes de l'agriculture biologique ou biodynamique.

P1050553

 Plantations dans le 1er jardin communal auto-géré de Macédoine centrale

Bien sûr, chacun d'entre nous a une sensibilité plus ou moins forte à ce genre d'actions citoyennes, et plus généralement aux démarches d'actions sociales au sein d'un territoire ou d'un pays, fonction de son background socio-culturel et de ses valeurs. Mais la réappropriation d'un espace public en voie d'abandon par des groupes d'habitants est un acte particulièrement intéressant à souligner. La deuxième matinée, nous visitons notamment une société de design graphique, qui est construite selon le modèle économique de la société coopérative, un des quatre modèles de ce qu'on appelle en France l'économie sociale et solidaire (avec les associations, mutuelles et fondations), secteur économique important et bien plus vaste que celui de l'action sociale au sens strict du terme.

P1050542

 Société de design graphique organisée selon le modèle de coopérative

Et puis après les après-midi de travail, il est alors possible de découvrir la magnifique vieille ville de Théssalonique. De quoi s'imprégner un peu de cette atmosphère méditérannéenne agréable et qui donne envie d'en savoir plus sur cette ville et ses habitants.

P1050563

20 novembre 2014

France/Bretagne/Côtes d'Armor - Une journée à Laurenan

Un samedi matin à Laurenan, Eva, Vénitienne de 18 ans, prend Monica, Barcelonaise de 20 ans, dans ses bras, pour un au-revoir chaleureux. Deux semaines plus tôt. En ce vendredi 15 août 2014, la petite commune de Merdrignac est d'un calme étonnant. Dans un des rares bus circulant en ce jour ferié, 9 Terriens. Le bus stoppe, ils descendent et retrouvent 2 compères, formant ainsi un groupe aussi puissant que temporaire : un groupe de volontaires participant à un chantier international. Pour les accueillir, les 2 animateurs du groupe, Madame le Maire de Laurenan, Valérie, et Bernard, 1er adjoint : "Good evening everybody. Here we are, here you are" ! la phrase est lancée...le chantier suit.

P1050314

"Terriens 2014" découvrant le résultat du travail volontaire du groupe de 2013

Premier repas très calme. un bon café, quelques échanges et la nuit s'installe doucement...il fait froid, le ciel est étoilé et les pieds...gelés. Samedi, jeux de présentation, échanges, rires...la dynamique du groupe est lancée. L'après-midi, balade dans le village et découverte des résultats des précédents chantiers réalisés par d'autres volontaires, d'ici où là : le mur de l'école ; le lavoir ; le four à pain. Le dimanche, rallye-patate au sein du village, pour permettre les premiers échanges entre habitants et volontaires. Ici est le premier objectif de ce chantier: faire découvrir le travail volontaire aux habitants, leur permettre d'échanger avec des personnes de différents pays. D'une patate, échange après échange, se forge la suite: rencontres, implication des habitants, venue à la porte ouverte du lundi soir. Une porte ouverte où chaque volontaire se présente, dans sa langue d'origine, en anglais, avec traduction en français. S'ensuit une première semaine de travaux pour valoriser le chemin de l'Etrat, une ancienne voie romaine, sur une distance de 300 mètres au sein de la forêt. Davantage d'informations sur le site web du chantier, ici. Première semaine ponctuée par des animations, la découverte de danses bretonnes, la participation aux jeux inter-villages etc.

P1050322 P1050339 P1050362

P1050338 P1050351 P1050346 

P1050497

 La deuxième semaine, l'aventure continue : dimanche à la plage d'Erquy ; visite d'une ferme laitière ; atelier de fabrication d'un pain biologique ; découverte du centre-ville de Rennes.

P1050447

Pour les animateurs, ça fait du bien, un chantier qui roule comme ça. Où tout le monde est globalement content. Faut dire, quand on baigne, sur son temps libre, dans le monde de l'éducation populaire et des mouvements de jeunesse, on se rend compte qu'on peut en proposer, des choses, lorsqu'on anime un chantier de bénévoles internationaux. Pour discuter, par exemple. Un outil, le débat mouvant. L'idée : trouver une affirmation clivante, une phrase simple résumant une position sur un sujet dont on suppose qu'elle divisera le groupe en "pour" et "contre". Puis proposer l'affirmation et enjoindre les participants à choisir leur camp par rapport à une ligne au sol laissant l'espace en 2 parties. Chaque camp a alors alternativement la parole pour exposer un argument ; les personnes convaincues peuvent alors changer de camp, d'où le nom de cet outil d'animation. L'affirmation débattue à Laurenan : "il est plus important de s'investir sur des activités/projets d'où l'on est, plutôt qu'à une autre échelle, typiquement internationale". De quoi débattre, dans cette logique qu'est celle du travail volontaire, avec Ayumi par exemple, 19 ans, qui sortait du Japon pour la première fois pour aller donner un coup de main à cette communauté bretonne.

photo Erquy

Et voilà le départ. Deux semaines, c'est rapide. Mais intense. Et forcément, on est un peu triste de se séparer. Même si on le sait, il sera possible de se recroiser. Un jour. Peut-être. C'est entre nos mains. Espérons-le, du moins. Finalement, mûrissant ma connaissance sur le thème de l'animation, je concluerai ce petit article par une citation issu de l'ouvrage "Equiper et animer la vie sociale" de 1966 : "Animer, c'est susciter ou activer un dynamisme qui est à la fois biologique et spirituel, individuel et social : c'est engendrer un mouvement qui passe par l'interieur des êtres, et donc par l'intérieur de leur liberté. De l'extérieur, on peut contraindre et diriger, mais sans communication par le dedans, on ne peut animer. C'est dire du même coup que l'animateur n'est jamais neutre, car le dedans des hommes n'est jamais atteint lorsqu'on ne veut pas sa préoccuper des valeurs auxquelles ils tiennent profondément."

12 juin 2013

Une souris et...Kathrin, immergée en culture francophone

Kathrin était volontaire sur le chantier international de Guissény, dans le Finistère Nord, en juillet 2010. A l'heure d'Internet et de ses réseaux sociaux, il est facile de garder contact, et c'est en Suisse, à Lausanne, que je la revois en cette journée d'automne 2012. Allemande de nationalité, elle est maintenant en échange Erasmus à l'Université de Lausanne (UNIL), dans le champ des langues étrangères et de la traduction. A 21 ans, elle parle couramment l' Allemand, le Français et l'Anglais. Nous reparlons de ce volontariat à Guissény, et des stéréotypes qu'elle pouvait avoir des français: arrogants, fiers, fermés à l'apprentissage d'autres langues, systématiquement en grève. La France était alors associée à la gastronomie, la baguette, le croissant, le vin, Paris, la tour Eiffel, les châteaux. Par définition, les stéréotypes constituent un ensemble de traits censés caractériser ou typifier un groupe, dans son aspect physique et mental, et dans son comportement. Cet ensemble s'éloigne de la réalité en la restreignant, en la tronquant et en la déformant. L'utilisateur du stéréotype pense souvent procéder à une simple description, en fait il plaque un moule sur une réalité que celui-ci ne peut contenir. Le stéréotype est simplication: la réalité est simplifiée avec pour résultats non pas une clarification mais une mise à l'ombre d'éléments essentiels à la compréhension. Le stéréotype est aussi généralisation: un individu appartenant au groupe cisé se verra appliquer d'office le même schéma de comportement, de mentalité, de qualités ou de défauts. Stéréotyper revient à utiliser le même concept ou groupe de concepts pour définir les éléments d'une catégorie, sans se soucier des exceptions ou se demander dans quelle mesure le contenu du stéréotype ne s'appliquerait pas justement aux exceptions elles-mêmes. Stéréotyper est ainsi un comportement particulièrement dangereux, une supposition sur un groupe de personnes ne correspondant souvent à aucune réalité.

2012 12 01 Les Diablerets-5410

Kathrin "de la digue"

Dans le cadre d'un de ses cours à l'UNIL, Kathrin doit tenir à jour un journal d'observation, dont le but est consigner ses expériences de la vie quotidienne en milieu francophone: quelque-chose de culturel étonnant, problématique, incompréhensible, amusant etc. Il lui est demandé de décrire de façon aussi précise que possible la date, le contexte général, la situation exacte etc; et de noter ses réflexions, interrogations et hypothèses. Son lieu d'observation: le métro de Lausanne: "j'ai choisi le métro pour faire des observations et révéler des règles implicites. Le métro est un lieu où les gens sont confrontés à une situation de rencontre avec des gens inconnus. Ils sont souvent proches des autres, plus proches par exemple que dans un café ou dans un restaurant. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi le métro. En plus, je prends souvent le métro et pour cela je trouve qu'il est intéressant d'observer un lieu auquel je ne fais normallement pas attention." Kathrin continue: "j'ai pris le métro M1 au Flon pour aller à Renens-Gare. Puis, je suis restée dans le métro pour aller dans l'autre direction. Beaucoup de gens ont lu, d’autres ont écouté de la musique par leur lecteur MP3 ou ont écrit des messages par leur portable. Il y avait des gens qui ont parlé, mais ils n'ont pas parlé d'une voix forte. Certes, parfois les regards des gens se sont croisés, cependant ils n'ont pas regardé dans les yeux de l'autre pendant longtemps. C'est pour cela que je pense que la règle implicite la plus importante dans le métro est de ne pas déranger les autres voyageurs. Toutes les choses qui pourraient déranger quelqu'un sont évitées par les gens, elles sont « interdites »  par les règles implicites : crier, courir, fixer quelqu'un avec des regards ce qui est considéré comme impoli ici. Au cas où il y avait des gens devant la porte, ils se sont écartés quand quelqu'un d'autre voulait sortir. Quand le métro s'est arrêté et les portes se sont ouvertes, les gens sur le quai ont laissé sortir les gens dans le métro. Je pense donc que les voyageurs sont « obligés » de faire attention aux autres. En outre, les gens ont parlé seulement aux gens qu'ils connaissent déjà, ils n’ont pas parlé aux inconnus. J'étais assise sur une place au milieu d'une rangée de trois places avec une rangée identique de trois places libres juste en face. Le premier qui est entré a choisi une place de la rangée en face. C'est pour cela que je pense que chaque personne qui entre toute seule dans le métro reste seule."

L'apport d'une expérience de mobilité internationale dans le cadre d'un programme d'échange du type Erasmus, d'un volontariat ou d'un stage à l'étranger est qualifié et quantifié par plusieurs études, comme celle-ci, publiée par Behrnd et al. (2012). Des expatriations courtes d'un an, si elles sont conduites dans une démarche positive et constructive, permettent, lors d'un retour au pays, de pouvoir développer et intégrer nombre d'acquis liés à l'interculturel. Dans cette logique, il est alors intéressant de lire ce genre d'études, qui proposent qui plus est une revue de littérature en première partie. Ainsi, on y apprend donc que la compétence interculturelle est améliorée en s'expatriant pour des études ou des stages, de manière plus importante que d'autres compétences, telles que des compétences sociales ou personnelles. En s'expatriant, une personne améliore en général son auto-adaptation, ses prises d'initiatives et de décisions, ou encore sa flexibilité. D'autres études montrent qu'une expatriation d'un an apporte plus qu'une expatriation de quelques mois. Alors que le premier objectif de l'étudiant(e) s'expatriant dans le cadre de ses études est l'acquisition d'une langue étrangère, une fois installé dans un autre pays, les différences et nuances culturelles sont observées lors du socializing ou des colocations. Enfin, il est très intéressant de noter que plusieurs études soulignent une grande différence entre le fait de s'expatrier avec ou sans préparation. Du fait des challenges sociaux et psychologiques générés par une expatriation, certains auteurs mettent en avant le besoin de programmes de support et d'orientation pour les étudiants s'expatriant. Pour conclure, les expatriations d'un an peuvent permettre à des personnes novices de se lancer dans le développement d'une compétence puis une expertise sur l'interculturel...pour pouvoir mieux repartir !

16 février 2013

France/Rhône-Alpes/Ain - Des souris et un homme

Une immersion dans le quotidien des techniciens et ingénieurs chargés de la gestion d'un site naturel protégé permet de découvrir quelques facettes des difficultés rencontrées au jour le jour. Les points de vue du grand public, souvent peu argumentés, vis-à-vis des programmes de conservation de la nature, sont également intéressants à prendre en compte. Un certain nombre de personnes ont du mal à relier et concevoir ces programmes, financés par des fonds public, avec les besoins économiques existant autour des sites naturels. Il y a parfois conflit entre le passant, promenant son chien par exemple, et les contraintes demandées par les gestionnaires. Sur les plages de Guyane, la tenue en laisse des chiens est lié au risque de destruction de nids et tortues. Dans le Jura, il y a probablement un lien entre ces contraintes et la grande sensibilité du grand tétra, oiseau phare de la réserve naturelle, à la présence humaine. Un brin de diplomatie s'avère alors nécessaire lorsque certaines personnes s'ennervent contre les mains de Dieu que sont les gestionnaires. Ceux-ci, sans doute à la fois sensible, à juste titre, aux conditions de vie de certains habitants, et insensibles, à tord, à l'importance de la préservation de la nature, ne voient pas l'utilité de ces programmes pour le bien-être humain. Souvent, les gestionnaires sont des structures associatives représentées par des personnes mal payées, mais passionnées par les problématiques qu'ils défendent. De plus, la plus-value des projets de Conservation pour les territoires et habitants sont probablement sous-évalués par le grand public. Dans tous les cas, soyons terre-à-terre: comment vivront les millions de pêcheurs si les stocks deviennent trop faibles pour que l'activité soit non subventionnée et tout façon inutile ? Comment sera financé le traitement de l'eau de boisson, si les teneurs en micropolluants deviennent trop importantes ?

P1040441

S'immerger dans le travail quotidien des gestionnaires d'espaces naturels permet aussi de rencontrer différents acteurs et corps de métier liés à la nature: agents de l'Office Nationale des Forêts, écologues, biologistes, agriculteurs, chasseurs etc. Souvent tous passionnés par leurs missions, certains pourraient être qualifiés d'atypiques. Je pense à cet expert naturaliste, spécialisé notamment dans l'étude et la connaissance des populations de micro-mammifères dans l'arc alpin. Des souris, et un homme pour les étudier. Il nous avait expliqué le contenu de son travail, à l'époque où j'avais travaillé pour la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura. Intéressant, en tout cas pour moi, mais pas forcément pour les volontaires...Tout le monde n'est pas amateur de campagnols et autres mulots! A une question d'une volontaire, sur l'utilité des études de micro-mammifères, sa réponse était simple: "étudier les micro-mammifères, cela ne sert pas forcément à grand-chose, peut-être même à rien: c'est comme Mozart."

P1040442

Et au milieu passe une fourmi (macro au sol)

P1040687

Echange avec Jacques Gilliéron, expert naturaliste, sur les micro-mammifères (été 2010)

31 décembre 2011

France/Bretagne/Finistère - Une journée à Guissény (2)

Partie 2 : des habitants. "Notre association intervient également dans le champ du patrimoine. Nous considérons celui-ci comme l'ensemble des biens d'une collectivité, d'un groupe social ou de l'humanité considéré comme un héritage commun et universel. Les chantiers réalisés par les volontaires sont le seul lieu où Concordia s'investit dans ce champ d'action.(...) Parfois cette action sur le patrimoine concerne l'aménagement des espaces qui l'entourent. Nous trouvons dans ce type d'actions le lieu idéal où se rencontrent le projet d'une communauté locale et notre projet international, permettant ainsi aux volontaires, et à la population qui les accueille, de se rendre compte immédiatement de l'impact de leur action dans un milieu donné". Cet extrait du projet éducatif de l'association Concordia l'évoque: un chantier de bénévole doit se réaliser, dans l'idéal, en lien avec la population locale du territoire sur lequel il se déroule. Le site Natura 2000 de Guissény, comme tout site naturel, est connu de tous, aimé de certains, et activement géré par d'autres: ingénieurs gestionnaires, acteurs associatifs, habitants, agriculteurs etc. La gestion d'un site naturel prend alors davantage de sens, celui de relier l'habitant plus ou moins urbanisé à sa nature environnante.

Alors que le jour se lève, une Skoda arrive au club de voile de Guissény. Il fait beau, la mer est bleue et d'un pas calme et déterminé, Monsieur Boucher apporte quelques légumes aux volontaires fraichement encaféinés. l'Homme, fonctionnaire hydraulicien retraité et dynamique habitant du bourg, est accueillant et très motivé par le chantier. Il livre une explication remarquable sur le fonctionnement hydraulique du bassin hydrographique dans lequel se situe le site naturel. A ce moment, Michal, jeune tchèque de 19 ans, s'excuse au nom de son pays pour les nombreux problèmes que Mr Boucher a rencontré sur sa voiture: rire général.

P1030589

Un de ses fidèles compères se nomme Mr Roudaut, qui, s'il ne radotte pas, grimace un peu du regard et grogne un peu de la voix. Les deux forment une paire d'habitants motivés pour faire avancer la commune. Une bien bonne entente, autour d'un jardin partagé, par exemple. Mais ce monsieur là à une passion, qu'il fera découvrir aux volontaires: la soie. Un étage entier, pour fabriquer et traiter ce matériau précieux et méconnu. Des oeufs de diverses couleurs, d'un ton clair, offrent un mélange agréable à l'oeil.

P1030677

P1030676 P1030719 P1030720

Dans ce bourg rural du Finistère Nord se situe également un professeur de dessin et artiste à ses heures de pause. A travers ses dessins, il alimente l'Histoire de Guissény et de son site naturel. Ailleurs, en centre-ville, une habitante demande: "y a t'il un Grec parmi vos volontaires ?" Lisette a en effet vécu une année dans ce pays, il y a longtemps, et aurait été ravi de croiser une personne de là-bas. Ses racines sont à Guissény, et elle se dit d'origine celte, bretonne de coeur, française par annexion, et européenne pour l'égalité de peuples. Son engagement s'est fait notamment par la création d'une association ayant oeuvré pour la connaissance et l'éducation à l'environnement autour de ce site naturel qu'elle a vu évoluer négativement au fil des décennies. Et à travers ses échanges avec les volontaires, on apprend à connaître le site, et ce qu'il représentait pour certains à l'époque de la guerre des boutons. Alors qu'ailleurs, les enfants fumaient des lianes, ici, Lisette et ses copains fumaient du crottin de cheval, pendant qu'ils gardaient des vaches. Et puis Mr Marhadour, lui, était ouvrier sur la tourbière, qui dans le temps, était exploitée pour le pouvoir calorifique que possède la tourbe. Cette exploitation se faisait à l'aide d'outils spéciaux, après avoir coupé les roseaux des marais.Toutes ces personnes qui ont traversé la seconde moitié du 20ième siècle avec les progrès techniques qui ont transformé le Monde connaissent mieux que quiconque l'histoire et l'évolution des sites naturels qu'ils parcouraient enfants. Leur implication pour une gestion durable de ces mêmes sites qui serviront aux enfants d'aujourd'hui et de demain est une richesse. Car comme la revue "Terre Sauvage" le souligne dans un récent hors-série: la Nature est l'avenir de l'Homme.

P1030776 P1030770 P1030760 

P1030778

"La Nature est l'avenir de l'Homme" (Bon, en ce qui concerne les requins, murènes et méduses, on peut peut-être en rediscuter) Oceanopolis, Brest.

Publicité
<< < 1 2 3 > >>
Publicité
Une Souris et des Hommes
Newsletter
Publicité